« Prête-moi ton rêve » : quand Casablanca rêve d’Afrique

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L’événement «Prête-moi ton rêve» est bien plus qu’une exposition panafricaine. Du 18 au 20 juin, il fait battre Casablanca au rythme de la création africaine et compte bien imposer une nouvelle donne dans la visibilité de l’art africain sur le continent.

Vitschois Mwilambwe Bondo, La Reine Rwej (mère symbolique de l’Empire lunda), 2019, 190 x 190 cm, acrylique et collage sur toile

Projet pharaonique, cet événement à multiples entrées réunit une trentaine d’artistes africains de renommée internationale pour sillonner pas moins de 7 métropoles africaines. Et ils ont tous répondu présent : Abdoulaye Konaté (à l’origine du projet), El Anatsui, William Kentridge, Mohamed Melehi ou encore Chéri Samba, fédérés grâce à la création d’une entité dédiée, la Fondation pour le développement de la culture contemporaine africaine (FDCCA), sous le Haut patronage du prince Moulay Ismaïl. Un rêve impossible ?

William Kentridge, Felix in exile, 1994, capture vidéo © William Kentridge

Pas si sûr, selon l’archevêque Dom Helder Camara, militant des droits humains au Brésil : « Lorsqu’on rêve tout seul, ce n’est qu’un rêve, alors que lorsqu’on rêve à plusieurs, c’est déjà une réalité. L’utopie partagée, c’est le ressort de l’Histoire ». Forts de cette citation, les deux commissaires, Yacouba Konaté et Brahim Alaoui invoquent le pouvoir de l’utopie pour faire de l’union africaine une réalité, infusée majoritairement par la pensée non occidentale. Le discours de Léopold Sédar Senghor à Addis-Abeba en 1963 en est un postulat : « Si nous devons bâtir une Afrique unie, (…) nous devons la fonder sur nos convergences culturelles, non sur nos divergences politiques, car ce qui nous lie est au-delà de l’histoire, (…) il est antérieur au christianisme, à l’islam, il est antérieur à toute colonisation ». L’écrivain pro-africain Michel Leiris est aussi une inspiration, avec son carnet de route intime L’Afrique fantôme (1934), sur la mémoire oubliée du continent.

Abdoulaye Konaté, Rouge touareg n°1, 2018, 500 x 287 cm

L’esprit de « Prête-moi ton rêve » est celui d’un réveil des consciences, mais aussi un passage à l’acte : l’Afrique, aux Africains, par les Africains. Cet élément est le chaînon qui semblait manquer jusqu’à présent aux manifestations institutionnelles sur l’art contemporain du continent.

Retrouvez l’intégralité de cet article dans le numéro 49 de diptyk, actuellement en kiosque et en ligne.  

« Prête-moi ton rêve », du 18 juin au 31 juillet, Villa d’Anfa, Aire Anfa Supérieure – Casablanca