Quatre expos pour découvrir Tanger en mars

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Entre les peintres d’Essaouira et les jeunes pousses tout droit sortis des Beaux-Arts, petit tour d’horizon des expositions à ne pas manquer ce mois-ci à Tanger.

Ali Maimoun, Sans titre, 2018, Acrylique et sciure de bois sur panneau, 134 x 164 cm, courtesy Galerie Tindouf

Les peintres souiris à l’Institut français

On ne cesse de redécouvrir la singularité plastique des peintres d’Essaouira. L’exposition « Berhiss et les artistes souiris », fruit d’une collaboration fructueuse entre la galerie Tindouf de Marrakech et l’Institut français de Tanger, permet au public de plonger dans les œuvres pointillistes des frères Tazarin ou les expérimentations plastiques à base de sciure de bois colorée d’Ali Maimoun. Si l’univers de Saïd Ouarzaz ou d’Aïcha Boutaleb flirte parfois avec l’abstraction, c’est sans doute le monde d’Abelmalek Berhiss peuplé de créatures zoomorphes qui reste emblématique de cette peinture difficile encore à classer. S’y ressentent des influences culturelles diverses, aussi bien gnaoua, berbère ou animiste, qui font battre encore le cœur de l’ancienne Mogador.

« Berhiss et les artistes souiris », Galerie Delacroix de l’Institut français, Tanger, jusqu’au 18 mars 2022
Fatime Zahra Morjani, Sans titre, 24 x 32 cm, technique mixte sur papier, 2021

Les abstractions végétales de Fatime Zahra Morjani aux Insolites

Le temps d’une exposition, la plasticienne Fatime Zahra Morjani délaisse les végétaux au profit du papier. Cette technique imposée par la librairie-galerie Les Insolites, dont la directrice Stéphanie Gaou est une ardente défenseure, a paradoxalement démultiplié son imagination. « Je me suis beaucoup amusée à confectionner ces œuvres », précise l’artiste qui aime rappeler qu’en « chacun de nous se trouve un devin ou un sorcier. » L’exposition « Talismans de papier » propose une vingtaine de collages réalisés à partir de papier kraft, recyclé, canson et même de pâte à modeler, composant des talismans de toute beauté. Des œuvres ludiques, à mi-chemin des paréidolies surréalistes et d’une abstraction qui resterait sensible aux formes organiques.

Fatime Zahra Morjani, « Talismans de papier », Galerie Les Insolites, Tanger, jusqu’au 7 mai 2022
Aymane Araifa, Les femmes derrière les murs #12, 2020, 150 x 100 cm. Ed 1/8, courtesy Kent Gallery

Naissance d’une génération à l’Espace Cervantès et à la galerie Kent

Pour sa troisième édition, l’exposition « INBA Generation » met en avant huit jeunes lauréats des Beaux-Arts de Tétouan choisis par Batoul S’Himi. À la tête de l’atelier Volume et Installation, l’artiste-professeure vante un esprit solidaire d’artistes « qui questionnent le monde au-delà d’une identité fermée et sclérosée, reflet d’un enseignement ouvert sur le monde ». Co-curatée par Morad Montazami, la manifestation intitulée « Working Class / 2 nd Life », qui se déroule à la Kent Gallery et à l’Espace culturel Cervantès, permettra de découvrir les installations iconoclastes d’Insaf Slassi ou de Basma Mansour misant sur la réalité augmentée, les photographies décalées d’Aymane Airafa ou les dessins inspirés du design automobile d’Anas Guermouj. « Ces artistes développent des savoir-faire et des imaginaires empruntant autant à l’artisanat local qu’à l’industrie mondialisée ou encore aux mondes virtuels », explique Morad Montazami qui les accompagne dans leur choix d’œuvre. En commentant le titre de l’exposition, « Working Class », le curateur pointe l’importance pour ces jeunes de travailler en communauté : « se fédérer pour mieux imaginer le futur […] Avec l’enjeu de continuer à représenter une force parmi les composantes de la société civile. » Et Batoul S’Himi de se demander pour conclure si « une nouvelle génération est en train de naître ? »

Exposition « Working Class / Second life », INBA Generation #3, Kent Gallery (du 12 mars au 12 avril 2022) et Espace culturel Cervantès (du 25 mars au 25 avril 2022), Tanger.
Vue d'exposition - crédit photo: bidrd.

Zawia, nouvel espace d’art rue Vélasquez

On se presse depuis un mois dans le nouvel espace de création, Zawia, conçu par la peintre et sculpteur Najoua El Hitmi. Véritable cocon expérimental, le lieu abrite non seulement l’atelier de l’artiste, mais ambitionne de devenir « un espace d’échanges, de partages et d’expérimentations », selon sa fondatrice qui met en avant sa dimension conceptuelle à travers ses choix graphiques et l’architecture des lieux. Attraction du moment : une installation immersive offre aux spectateurs une expérience sensorielle inédite qui ouvre déjà le champ des possibles de la création. Une affaire à suivre.

Espace de création Zawia, rue Vélasquez, Tanger

Olivier Rachet