De la feuille d’acanthe antique aux nymphéas de Claude Monet, en passant par les volutes végétales des arts islamiques ou les paysages tourmentés des romantiques allemands du XIXe siècle, le monde végétal se révèle une source d’inspiration intarissable. C’est que le vivant n’est pas « utilisé seulement parce qu’il est là », remarquait l’anthropologue Claude Lévi-Strauss, mais parce qu’il « propose à l’homme une méthode de pensée ». Par la diversité de ses formes et de ses couleurs, par la symbolique sacrée ou profane dont il a été investi, le végétal exerce un pouvoir d’attraction sur les artistes contemporains qui s’en approprient les codes et les détournent au gré de préoccupations plastiques et intellectuelles hétéroclites, parfois antagonistes.
Les fleurs acidulées maintes fois sérigraphiées d’Andy Warhol, chantre pop d’une société industrielle triomphante (Flowers, 1964), deviennent ainsi un sujet décoratif de masse là où, quelques années plus tard, l’artiste italien Giuseppe Penone – rattaché à l’Arte Povera – recherchera, en réaction à cette même société de consommation, la poésie inhérente au végétal avec des sculptures d’arbres en bois ou bronze grandeur nature.
De fait, les représentations plastiques de la flore se révèlent très diverses, que ce soit dans les fleurs à pois de YAYOI KUSAMA, les roses en voie de liquéfaction de Cy Twombly sans oublier le traitement convulsif qu’en propose ANSELM KIEFER (Die Orden der Nacht, 1996). Derrière ces différentes approches plastiques, l’enjeu est loin d’être uniquement ornemental.