Et si aux désordres du monde, était opposée cette poésie que nous inspire la nature ? De sa longue méditation dans sa « Ghorfa », l’espace de recueillement sous l’escalier de la maison familiale, YOUNÈS RAHMOUN a développé un ensemble d’œuvres – Habba (2008), Zahra (2009), Khasla (2009), Jidhr (2008), Chatla (2008) – empreintes de la poétique de la germination, de l’éclosion et de la vie. Le film d’animation Habba (« graine », en arabe) en est l’une des plus emblématiques. En une succession d’images finement esquissées au crayon, la graine de Younès Rahmoun effectue son cycle de vie sur la musique énigmatique et entêtante d’Esteban Algora. « L’oeuvre de Rahmoun, écrivait-on précédemment dans Diptyk, est une réconciliation de l’infiniment petit et de l’infiniment grand, de l’atome et du cosmos : tout l’univers dans une graine ». Une tentative de toucher à l’universalité et au principe de vie qui régit le monde.
En créant des chimères végétales, des artistes comme Hicham Berrada, YAMOU, Miguel Chevalier ou Céleste Boursier-Mougenot élargissent le spectre du visible et décalent le regard pour mieux susciter curiosité et redécouverte de la magie mystérieuse du vivant. Suivant cette logique de dévoilement, l’artiste marocain HICHAM BERRADA active des molécules instables dans un bécher (Présage, 2007-2013) : des formes organiques apparaissent, se déploient pour créer une flore improbable et poétique.