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L’exposition « L’espace d’un instant » retrace 15 ans de la carrière de Zineb Sedira, entre tentative de renouer le fil des générations et interrogation d’une mémoire occultée.
C’est tout bonnement son propre salon que Zineb Sedira a reconstitué au sein du Jeu de Paume. Elle y invite le visiteur à se prélasser tout en écoutant parler la directrice du musée d’art moderne et contemporain d’Alger, Nadira Laggoune-Aklouche, qui évoque dans une vidéo le premier Festival panafricain d’Alger organisé en 1969. Cette maison dans laquelle l’artiste nous convie n’est-elle pas l’image même de la jeune nation algérienne dont elle interroge les fondations aussi bien que les failles ? Refuge, tout d’abord, des mouvements révolutionnaires post-indépendance comme le montrent les photomontages de l’installation Standing here wondering which way to go, réalisée pour l’occasion à partir d’archives personnelles de l’artiste. Foyer de contestation ensuite, avec le développement dans les années 90 d’une presse satirique indépendante à laquelle est consacrée l’installation Laughter in hell. En filigrane se retrouve l’une des préoccupations de Sedira depuis une vingtaine d’années : la volatilité de nos mémoires toujours menacées de finir à la casse, comme les voitures de l’installation The end of the road sur laquelle se conclut une exposition admirable.
Olivier Rachet
Zineb Sedira, « L’espace d’un instant », Galerie du Jeu de Paume, Paris, jusqu’au 19 janvier 2020.