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Biennale de Bamako : Africa pride

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Placée sous le signe de « l'Afrotopia », la 11e édition des Rencontres photographiques de Bamako entend renouveler les imaginaires et poser sa pierre dans l'élaboration d'un discours sur l'Afrique par (et pour) l'Afrique. 

 

Qui dit Bamako dit Malick Sidibé et ses personnages joyeusement excentriques dansant le twist jusqu'au petit matin sur les bords du fleuve Niger. Nous ne sommes plus en 1960. Le pays peine en 2017 à relever la tête après un conflit larvé dans le nord. Il retient son souffle. Bamako et sa biennale aussi. « Organiser cet évènement est un acte de résistance », note Samuel Sidibé. En 2013, le délégué général annulait les rencontres, laissant planer un doute sur l'avenir de cet événement qui s'impose depuis 1994 comme un véritable tremplin pour les photographes du continent. Certains, sortis de son giron, font désormais partis des happy few (Samuel Fosso, Omar Victor Diop, Zanele Muholi…) convoités par les plus prestigieuses institutions internationales et par un marché de l'art opportuniste. 

La biennale revient de loin, donc. Après une édition anniversaire courageuse mais encore auréolée d'incertitudes en 2015, les Rencontres entendent perdurer. « La photographie reprend ses quartiers à Bamako », martelait fermement la ministre de la culture malienne, N'Diaye Ramatoulaye Diallo lors du coup d'envoi le 2 décembre dernier, qui sonnait comme une revanche dans le vaste parc du Musée National du Mali. 

 

Espaces à féconder

 

Le ton est donné. Il est bien question de fierté africaine dans cette édition imaginée par Marie-Ann Yemsi. Pour l'occasion, la commissaire, qui avait orchestré le focus Afrique à Art Paris Art Fair en avril dernier, s'est entourée de « conseillers curatoriaux » : Sammy Baloji (biennale de Lubumbashi en RDC), Aida Muluneh (Addis Foto Fest en Ethiopie) ou Azu Nwagbogu (fondateur du festival LagosPhoto au Nigéria). « Cette biennale s'inscrit dans un moment particulier, souligne Yemsi. Nous savons que l'Afrique bénéficie d'un engouement occidental et en même temps partout sur ce continent africain de nouvelles générations de penseurs et d'activistes culturels en renouvellent la grille de lecture et prennent le pari que l'Afrique peut être source de solutions ». En s'appuyant sur la pensée de l'intellectuel sénégalais Felwine Sarr auquel le titre de ces Rencontres, « Afrotopia », fait directement référence, la commissaire propose aux 40 artistes réunis au sein de l'exposition principale « d'inventer avec leur langage une nouvelle traversée du temps présent ». Car Afrotopia,  contraction entre « Afrique » et « utopie », invite moins à imaginer un futur idéalisé – évitant par là l’écueil d'un discours de principe stérile – qu'à offrir un état des lieux de ce qui fait l'Afrique aujourd'hui pour mieux en déceler, en filigrane, les potentialités. Il s'agit de « repérer dans le réel des espaces à féconder », écrit Felwine Sarr. C'est aussi un appel à l'émancipation intellectuelle : « Afrotopia pour moi, c'est l'idée que l'Afrique se pense par elle-même et non par les modèles qui lui viennent de l'extérieur », explique l'artiste malgache Christian Sanna qui signe, comme la plupart, sa première participation.  […]

 

Emmanuelle Outtier

 

Article à retrouver intégralement dans le numéro 41 de Diptyk, bienôt en Kiosque

Série De quoi rêvent les martyrs, 2013, encres, graphite et transfert sur papier, 42 x 60 cm Courtesy de l’artiste et Selma Feriani Gallery
Série De quoi rêvent les martyrs, 2013, encres, graphite et transfert sur papier, 42 x 60 cm Courtesy de l’artiste et Selma Feriani Gallery
Le RAW-tempel
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