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[Book] La Septième Porte : une histoire du cinéma marocain comme une recherche du temps perdu

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La Septième Porte, Une histoire du cinéma au Maroc de 1907 à 1986 d’Ahmed Bouanani voit enfin le jour. Cet ouvrage posthume rend hommage sans complaisance aux pionniers du 7ème art au Maroc et raconte une difficile émancipation.

Rétablir une chronologie juste de l’histoire du cinéma au Maroc – de son émergence à l’époque coloniale à son développement longtemps empêché par absence de volonté politique –  telle est l’ambition de La Septième Porte, projet laissé inachevé à la disparition de son auteur et qu’ont porté pendant une décennie sa fille Touda Bouanani et Omar Berrada, accompagnés pour la publication par Marie Pierre-Bouthier. Sans négliger l’apport de la période coloniale, Ahmed Bouanani réhabilite la mémoire d’un des pionniers du cinéma marocain, Mohamed Osfour, artiste autodidacte qui réalise en 1959 le premier long-métrage de fiction marocain en 16 mm Al-Ibn-al-âaq (Le Fils maudit, ndlr) : « Ce n’est qu’un rêveur, écrit l’auteur, […] un révolté analphabète qui a fixé sur la pellicule l’image dérisoire de la liberté ».

crédit photo

S’ensuit le récit de l’impossible émergence d’un cinéma national indépendant qu’avec d’autres compagnons de route, tel que Nour-Eddine Saïl fondateur de l’éphémère revue Cinéma 3, Bouanani appelle de ses vœux. S’il n’est pas tendre avec le Centre Cinématographique Marocain (CCM) qui freine selon lui les conditions de production, de distribution et d’exploitation des films, il l’est encore moins avec une majorité d’œuvres qu’il critique pour leur paternalisme ou leur relent colonialiste, à l’opposé d’un cinéma de montage qu’il défend avec ardeur. En témoignent ses propos au vitriol sur le film Quand mûrissent les dattes d’Abdelaziz Ramdani et Larbi Bennani qui, selon lui, « reprend à son compte la vieille dualité de triste mémoire : tradition et progrès (voir chameau et tracteur dans les documentaires du Protectorat) » ; stéréotype qui figure encore en bonne place des idées reçues lorsqu’il s’agit d’évoquer l’état de la création au Maroc.

crédit photo : Diyae Bourhim / Kulte éditions

« C’est un livre sur le cinéma qui est une sorte d’épopée sans héros », écrit dans sa préface Omar Berrada. «[…] cet ouvrage, semble lui répondre en écho Ahmed Bouanani, va parler d’un tas d’oiseaux qui veulent voler dans le ciel serein de l’Indépendance ». Un ciel dont on se dit, le livre refermé, qu’il reste encore aux prises avec de violentes tempêtes, si l’on en juge par le refus de certains réalisateurs d’apporter leur contribution à l’ouvrage par le don de documents iconographiques qui font souvent défaut. Une pierre est néanmoins posée.

Olivier Rachet

Ahmed Bouanani, La Septième Porte, Une histoire du cinéma au Maroc de 1907 à 1986, Kulte éditions.
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