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[Books and days] Falloujah : le roman graphique engagé de Feurat Alani

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C’est à un crime de guerre que s’intéresse le grand reporter franco-irakien Feurat Alani dans ce deuxième roman graphique qui fait suite à son ouvrage Le Parfum d’Irak, ayant reçu en 2019 le prix Albert Londres du livre. Falloujah ; Ma campagne perdue, réalisé en collaboration avec le dessinateur Halim, est le récit d’une enquête journalistique sur l’utilisation par l’armée américaine d’armes chimiques, vraisemblablement à l’uranium enrichi, lors des opérations Vigilant Resolve et Phantom Fury, en 2004. En 2011 déjà, le journaliste, né en France de parents irakiens, avait réalisé un documentaire Irak : les enfants sacrifiés de Falloujah dans lequel étaient abordées les conséquences dramatiques de ces bombardements. Depuis, les preuves sont devenues accablantes et la situation sanitaire n’a fait qu’empirer : « L’hôpital de Falloujah, précise Feurat Alani, recense toujours le même taux de naissance de bébés déformés ; c’est-à-dire un sur cinq. Le matériel manque toujours […] et la situation sécuritaire s’étant encore plus dégradée, les médecins ont des difficultés pour appréhender la situation. »

Une planche du livre «Falloujah, ma campagne perdue» de Feurat Alani. ©Feurat

Pari réussi pour ce deuxième roman graphique qui arrive à la fois à rendre compte d’une investigation des plus rigoureuses et à poétiser le réel : « Dans la fiction, commente le journaliste, il y a un espace et une liberté que n’offre pas toujours le documentaire. Mon métier est de raconter les histoires de ceux que j’estime oubliés ». Le duo qu’il forme avec le dessinateur Halim, qu’il présente comme un artiste « très engagé», est aussi une réussite. Le trait est précis, nerveux. Le choix du noir et blanc dramatise, sans effet de fioriture, le propos. Les choix diversifiés des vignettes arrivent aussi bien à souligner le chaos de la guerre qu’à suggérer, en filigrane, la dignité de tout un peuple. Une métaphore récurrente – celle d’oiseaux pouvant tour à tour représenter des anges ou des faucons de malheur –, rend ce témoignage poignant ; Feurat Alani n’hésitant pas aussi à évoquer des souvenirs plus personnels liés à son enfance. Démonstration est faite que fiction et documentaire peuvent aussi faire bon ménage.

Olivier Rachet

Une planche du livre «Falloujah, ma campagne perdue» de Feurat Alani. ©Feurat
Une planche du livre «Falloujah, ma campagne perdue» de Feurat Alani. ©Feurat
Une planche du livre «Falloujah, ma campagne perdue» de Feurat Alani. ©Feurat
Une planche du livre «Falloujah, ma campagne perdue» de Feurat Alani. ©Feurat
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