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CE SOIR: VERNISSAGE A LA GALERIE DAVID BLOCH – BIENNALE DE MARRAKECH JOUR 4

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« Contrebande » : Un assaut d’un nouveau genre

 

Habitués du Palais de Tokyo, et récemment de la tour Paris 13, le tandem français Lek et Sowat s’associe à Arnauld Liard, autre trublion du street-art pour revisiter l’art ornemental marocain. Un brassage détonant, à la galerie David Bloch.

Par Paola Frangieh

Les trois graffeurs Lek, Sowat et Arnauld Liard, forts d’une résidence de trois semaines à Marrakech et de maintes déambulations parmi les artisans de la ville, apposent leurs marques sur les motifs marocains. L’art géométrique abstrait fait écho à leur griffe qui se détache de toute représentation figurative, notamment  de la lettre pure. « Le Graffiti n’est pas le milieu libre et spontané que l’on imagine. C’est une discipline extrêmement codifiée et rigide, obsédée par la maitrise de la typographie. Les premiers à s’être détournés de la lettre pure, comme Rammellzee et Futura 2000, pour expérimenter autre chose, ont du faire face à l’incompréhension de leurs contemporains », poursuivent-ils. Et  c’est de cette école très particulière du Graffiti que se  réclame le trio aujourd’hui.

En repensant les motifs ornementaux, la calligraphie arabe et les structures géométriques, ils ne s’écartent pas de la veine qui leur colle à la peau : transformer les motifs typographiques en abstraction architecturée.

 

Des espaces précaires à l’institution

Après le vandalisme déchaîné, les tags éclair et le graphisme illicite des voies ferrées, les trois compères s’appliquent aujourd’hui à penser leurs gestuelles en institution. « Ce que nous prenions pour des explosions de signatures et de lignes spontanées, gravées sous le coup de l’adrénaline et la peur d’être attrapés, peuvent être travaillés comme autant de signes, une fois organisées », nous explique le trio. Sombres et radicaux, portés sur les lieux clandestins dont notamment les espaces habituellement fermés au public du Palais de Tokyo dans « Lasco Project », ils voient, dans leur exercice marrakchi, un questionnement sur la pertinence des créations lors du passage de l’air libre à la galerie. Entre ces taggueurs de l’ombre et l’art marocain une symbiose explosive qui laisse affleurer leur penchant pour la déconstruction de l’espace. « En plaquant certaines de nos toiles sur les murs, sans châssis ni caisses américaines et en poursuivant sur le mur qui les entoure, le travail d’abstraction et de géométrie peint sur les tableaux, sans que le public sache nécessairement discerner où commence et se termine l’œuvre, nous espérons créer quelque chose de singulier ».

 

Art plagié = art convoité?

En baptisant l’exposition « Contrebande », les artistes creusent encore plus le sillon de cette singularité. Ils questionnent la valeur même d’une œuvre, et proposent une réflexion sur le plagiat d’une toile. « Au fond, qu’est ce qui fond une œuvre ? Le fait qu’un artiste la réalise seul ou celui qu’il la signe ? Une toile de Murakami a-t-elle moins de valeur parce que ce sont ses assistants qui l’ont peinte ? Alors que le Graffiti moderne connaît ses premiers cas de plagiat, comme on l’a vu récemment à Paris avec 23 faux JonOne écoulé par un marchant peu regardant, le faux ne devient il pas l’étalon ultime de la valeur d’un artiste ?».

Résultat : un impétueux huis clos, où l’art emblématique arabe prend des airs de graphisme farouche, et où s’imbriquent héritage ancestral et guérilla urbaine.

 

Galerie David Bloch , du 28 février au 1er avril

 

Lek x Sowat x Arnaud Liard "CONTREBANDE" @ David Bloch Gallery – Marrakech from DAVID BLOCH GALLERY on Vimeo.

Ici, Richard McGuire, Gallimard Jeunesse, hors série BD, 304 p., 370 DH
Ici, Richard McGuire, Gallimard Jeunesse, hors série BD, 304 p., 370 DH
"Volumes fugitifs" en deux volets du 05 Mai au 30 août puis du 15 septembre au 30 décembre 2016
"Volumes fugitifs" en deux volets du 05 Mai au 30 août puis du 15 septembre au 30 décembre 2016
Joana Hadjithomas & Khalil Joreige, 2008, courtesy MIT Boston & Galerie In Situ Fabienne Leclerc
Joana Hadjithomas & Khalil Joreige, 2008, courtesy MIT Boston & Galerie In Situ Fabienne Leclerc
courtesy de la galerie David Bloch
courtesy de la galerie David Bloch
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