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[EDITO #63] – Intelligence artificielle, nouvelle frontière de l’art contemporain

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Meryem Sebti, magazine Diptyk

Meryem Sebti, directrice de la publication et de la rédaction du magazine Diptyk

À l’occasion d’une conversation animée avec un précédent ministre de la Culture de notre pays – à propos de ChatGPT, sujet central de ce début d’année –, il se demandait pourquoi, autour de nous, en dépit de ce bouleversement anthropologique compa- rable à l’invention de l’imprimerie, « tout le monde semblait dormir paisiblement sans prendre la mesure de cette révolution fondamentale ». Pour faire entrer Diptyk dans cette conversation contemporaine, j’ai confié au plus technophile de nos collaborateurs, qui a signé l’an dernier le dossier « NFT, une nouvelle ruée vers l’art » (à retrouver dans Diptyk n°58, décembre 2021), une étude sur les intelligences artificielles appliquées à l’art contemporain. Dans l’esprit facétieux de Reda Zaireg, habitué aux infinies mises en abyme que permet l’intelligence artificielle (qui ne date pas d’hier, entendons-nous), l’idée a germé de confier la rédaction de ce sujet au ChatGPT lui-même. Ce fut un échec : on vous explique pourquoi.

C’est donc bien un dossier fait par une intelligence humaine que vous pourrez lire dans les pages de cette édition. En partant du mythe, déjà ancien, de la mort de l’art, on a testé, dans la bonne humeur, un florilège d’outils comme Dall·E qui montrent qu’il est aujourd’hui possible de créer des œuvres « à la manière de ». Seuls les artistes déjà bien pré- sents dans les datas donnent des résultats dignes d’être montrés dans un magazine d’art : Gauguin, Rembrandt, Hockney… Pour notre zone géographique, le seul artiste auquel Dall·E a répondu honorablement est Hassan Hajjaj ! Au-delà de l’aspect ludique de ces expériences par- fois monstrueuses, notre dossier dépasse assez vite la mythologie du « remplacement » de l’homme par la machine en questionnant la notion de créativité même, notamment dans des expériences de méta-art, dont les plus spectaculaires sont aujourd’hui exposées au MoMA.

À l’ère des IA, plus aucune coïncidence n’est possible. C’est précisément Hassan Hajjaj que l’on retrouve dans la spectaculaire Al Ula, dont on vous livre un beau carnet de voyage sous la plume d’Othman Lazraq, fondateur du MACAAL. Hajjaj, le Warhol marocain, avait installé son studio pop mobile dans une ancienne école pour filles reconvertie en centre d’art et de design, répondant dans la vérité de notre époque et du territoire à la programmation d’une expo d’Andy Warhol au Maraya Museum. Cet immense cube recouvert de miroirs, posé à même le sable, semble disparaître en laissant place à un reflet miraculeux de la nature désertique environnante.

En feuilletant ces pages qui font se rencontrer le sublime du désert et l’intelligence artificielle, il se pourrait bien que vous ayez l’impression d’être pris, dans la pliure des pages, dans une curieuse boucle du temps.

Meryem Sebti,
Directrice de la publication et de la rédaction

Retrouvez le numéro 63 de Diptyk en kiosque ou sur notre e-shop, en format papier ou format PDF

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