Créatures hybrides, oiseaux fantasmagoriques, bouraqs en majesté et autres diables paillards, tels des monarques de carnaval, peuplent la plus baroque des Sept Portes de Faouzi Laatiris. Puisant dans le fonds mythologique et légendaire de l’iconographie musulmane, l’artiste offre une interprétation du thème de la rédemption de l’humanité pécheresse, où dominent la satire et la ruse. Mais que cachent véritablement ces facéties visuelles? À quel miracle assiste-t-on ?
L’univers interlope des figures mythologiques se divise entre monde divin – symbolisé par les créatures sacrées – et monde infernal peuplé de goules et de djinns. Entraîné dans un va-et-vient qui le mène de la terre au ciel, puis du ciel à la terre, le regard se pose finalement sur la porte qui clôt fermement ce chemin des vanités, assignant le spectateur à son seuil ; annihilant toute possibilité de s’élever aux béatitudes promises par le chœur céleste. Nul ravissement. Nul modus vivendi. Faouzi Laatiris n’est pas un moralisateur. En génial bricoleur d’images, l’artiste fait usage du subterfuge pour donner à la vanité des affaires terrestres la consistance d’un jeu où l’on retrouve les caractères du sacré en dehors de la sphère religieuse.
Atika Fikri
Faouzi Laatiris, « catalogue déraisonné »,
MMVI, rabat, du 8 octobre au 31 décembre 2016