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Concours photo Diptyk : nos cinq finalistes

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Une fois n’est pas coutume : Diptyk lançait, au début de l’été, un concours photo sur le thème “Détails sensibles”. Il n’y a ici aucune incohérence : depuis plus de 10 ans, nous n’avons de cesse de découvrir de jeunes artistes : ceux-là même qui, n’ayant pas encore leurs entrées dans l’écosystème de l’art, ont trouvé dans nos pages une place pour y déployer leurs recherches plastiques, leurs balbutiements féconds. Pour ce coup d’essai, les candidatures ont été nombreuses. La contrainte était pourtant grande : trois photos, seulement, pour se dévoiler au mieux ! Le thème, « Détails sensibles » était une invitation à prendre le parti des choses, à insuffler une certaine poésie à cette réalité qui, cette année, s’est révélée parfois morose. Nous vous partageons les travaux accompagnés de la note d’intention des cinq finalistes que nous avons retenus. Le lauréat sera annoncé à la rentrée.

Youssef Oubahou

Série « Sans titre »

« Le monde entier, la planète et notre pays souffrent depuis 1 an et demi à cause du Coronavirus. On est tous confinés, on est tous protégés chez soi.

À travers ces photos,  j’ai essayé de montrer que ce confinement n’est qu’une chance de changer les choses. C’est le moment de libérer nos esprits, d’améliorer nos capacités, d’affiner nos compétences, d’être plus proche de nos familles, nos enfants et nos parents…. »

Hiba Zouane

Série « Hier encore »

« La mort de ma grand-mère a été annoncée une nuit d’été, à 4h du matin. C’était la première fois que je voyais mon père pleurer. Et puis, nous n’avions pas eu le temps de lui dire au revoir.

Durant les deux jours qui suivirent, il y a eu des visages qui partaient, revenaient et puis, tous sont partis uns à uns.

Après 56 ans de mariage, mon grand-père a comme perdu ses repères. À présent, il essaie de retrouver un équilibre et le moyen de tenir seul. La maison est devenue fade pour lui, sans l’odeur et la présence de ma grand-mère.

Quelques jours après sa mort, il a sorti du frigo un bout de viande qui avait été préparé pour elle, pour son repas à l’hôpital. Il l’a mis dans une boîte avec du sel, a écrit la date, et un petit texte pour indiquer que c’est la dernière chose qu’elle allait manger. Il a mis aussi sur leur lit une de ses robes à côté de son burnous, et puis, il n’y a pas dormi les deux années suivantes. Aujourd’hui, il prend encore grand soin de ses fleurs et chaque jour, il rend une visite sur sa tombe pour lui raconter sa journée. Comme mon grand-père, je tente de lutter contre le temps qui passe, par la photographie, en tentant de figer des moments pour ne pas qu’ils sombrent dans l’oubli.

Cette série de photographies s’est construite entre l’ombre de ma grand-mère et la silhouette de mon grand-père, avec en filigrane les 56 ans de leur histoire qui sont aussi celles de l’histoire de l’Algérie contemporaine. »

Lucie Mxn

Série « Cartes postales »

« Ces trois photographies ont été prises à Casablanca en 2019 à l’aide d’un petit Rolleil XF 35 lorsque je flânais dans les ruelles de la ville. À vrai dire, je ne déambulais pas par hasard. Je dois remonter deux-trois jours en arrière lorsque je cherchais des archives photographiques dans les souks de la ville blanche.

À Derb Ghallef, Kamel, un bouquiniste, m’apporta une quinzaine de photos en Noir et Blanc de Casa, datant des années 1930 à 1950. Il prit le soin d’écrire derrière chaque photo le lieu où elle avait été prise, comme une invitation à redécouvrir l’architecture et les paysages, des décennies plus tard.

Que ce soit le fruit d’un triste ou heureux hasard, l’appareil photo est tombé de mes mains quelques jours après avoir capturé les lieux en question, laissant la possibilité à ma pellicule d’être exposée à la lumière et d’affecter mes derniers clichés photographiques. En résulte alors cette ironie du sort, comme si j’avais en ma possession de nouvelles archives avec cette texture un peu particulière, propre aux vieilles cartes postales. Des images défectueuses, semblables à nos souvenirs impalpables, à nos mémoires sensibles et subjectives. Ici, le détail sensible est dans la petite histoire, hors du cadre. »

Isabelle Ehrler

Série « Éloge d’une délicatesse »

« Tout reste fragile…

Il y a toujours une route, un chemin ou un sentier qui, quelque part, m’attend et me guide vers cette imperceptible fragilité …

Et finalement donc, j’ai compris qu’ici, au milieu de ce désert de pierres marocain, cette sensibilité se trouvait dans le détail de constructions nomades.

De délicats et fins abris appelant à s’installer en ayant aucune idée de combien de temps on restera et s’enivrer tout simplement de l’émotion de cet instant.

C’est peut-être tout simplement cela l’imperceptible et fragile bonheur d’être nomade. »

Ayoub Benane

Série « Sans titre »

« Malgré la différence de génération et la grande différence d’âge entre père et fils, ils partagent beaucoup de choses et regardent tous deux dans la même direction. »

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