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[Coups de cœur] Quatre artistes prometteurs repérés à New York

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Pour la deuxième année, 1-54 New York s’est déroulée exclusivement en ligne. Une édition riche qui a révélé des œuvres engagées et un renouveau de la peinture de portrait par les artistes nigérians. Voici les nouveaux artistes à suivre.

Ronald Hall, Brothers in Arms, 2020, 188 x 152 cm. Courtesy : Duane Thomas Gallery

Ronald Hall, États-Unis

Assez rare pour être noté, la toile Brothers in Arms de Ronald Hall reprend les codes de la peinture
historique et détonne, tant ce genre a perdu de son influence depuis le XIXe siècle. Toutefois, on aurait tort de croire qu’il s’agit là d’une tentative de renouer avec les temps épiques. Facétieux, l’Américain télescope références historiques et pop culture. Des premiers esclaves aux militants des droits civiques, la composition mêle différentes époques. Les tons roses du ciel et le rayon lumineux intercepté par l’un des personnages donnent une ambiance surréelle à la scène et nous plongent dans l’univers de la science-fiction. On se rappelle alors le couplet de Dire Straits dans la chanson du même nom Brothers in Arms: « So many different worlds / So many different suns / And we have just one world / But we live in different ones. » Cette interprétation ouverte en fait un tableau à la fois familier et étrange.

Chiderah Bosah, Ella’s Tale, 2021, huile sur toile, 114,3 × 152,4 cm. Courtesy : Gallery 1957

Chiderah Bosah, Nigeria

Tout comme son compatriote Oliver Okolo, Chiderah Bosah participe au renouveau de la peinture de portrait qui secoue la scène nigériane. Cette artiste, tout juste âgée d’une vingtaine d’années, impressionne par la maturité de son trait et la douceur des tons qu’elle instille. Si une tendresse se dégage de la toile Ella’s Tale, celle-ci n’en est pas moins subversive : le regard d’Ella est calme mais frontal, tout à fait à rebours de la représentation subalterne du modèle noir dans la peinture classique. Cette scène de genre épurée, à l’atmosphère ouatée d’un Edward Hopper, impose le respect de l’évidence.

Josie Love Roebuck, No, I don’t speak Swahili, 2020, acrylique et broderie sur toile non étirée, 152,4 x 127 cm. Courtesy : LatchKey Gallery

Josie Love Roebuck, États-Unis

Josie Love Roebuck brode comme on assemble les pièces éparses d’une identité tiraillée. Cette artiste déconstruit subtilement le clivage Noir/Blanc pour poser la question, non moins cruciale aux États-Unis, des « biraciaux ». Considérés par certains comme forcément noirs en vertu de la one-drop rule, ces « sang-mêlé » ne le sont pas assez pour d’autres, qui les taxent d’usurper l’identité noire américaine portée par les descendants d’esclaves. En attestent les interminables polémiques autour des origines indiennes et jamaïcaines de la vice-présidente Kamala Harris et de sa légitimité à représenter la communauté afro-américaine. Un débat que Josie Love Roebuck incarne en un portrait tricéphale et en une affirmation contre toute forme d’assignation : No, I don’t speak Swahili.

Oliver Okolo, Freeman in a Dirty Sienna Suit, 2021, fusain et huile sur papier, 114,3 x 139,7 cm. Courtesy : Gallery 1957

Oliver Okolo, Nigeria

Dans sa série Portraits of the Life of Elizabeth Freeman, le peintre nigérian s’inspire de la première esclave afro-américaine qui obtint en justice son émancipation : un procès retentissant qui ouvrira en 1781 une brèche et la voie vers l’abolition de l’esclavage dans l’état du Massachussetts. Les portraits d’Oliver Okolo rendent aussi hommage aux figures de résistance qui l’ont suivi. Ces œuvres, dont la finesse est rehaussée par le fusain, s’inscrivent indéniablement dans la lignée du portraitiste Ben Enwonwu et sa « Joconde africaine » qui avait affolé le marché en 2018.

Emmanuelle Outtier

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