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Bienalsur : d’un sud à l’autre

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Au moment souvre lexposition  » Entre temps et espace  » au musée national de  la photographie de Rabat, nous avons rencontré Anibal Jozami, directeur général de Bienalsur. Après avoir exposé en 2019 Mohamed Arejdal et Hassan Bourkia à Buenos Aires, la biennale argentine Bienalsur resserre ses liens avec le continent africain en présentant cette exposition à Rabat. Aux côtés d’artistes comme Hakim Benchekroun, Khalil Nemmaoui, Mehdy Mariouch ou Lamia Naji, le public marocain découvrira les œuvres de plasticiens sud-américains qu’il a peu l’occasion de voir.

Pour sa 4e édition, Bienalsur est présente cet automne à Rabat mais aussi au Sénégal, en Algérie, en Tunisie et au Cameroun. En quoi est-ce important de tisser des liens entre l’Amérique du Sud et l’Afrique ?

Il y a beaucoup de relations entre le continent africain et l’Amérique. Il faut sans doute rappeler qu’une bonne partie de la croissance de l’Amérique du Sud, au XVIIIe et XIXe siècle, a été menée par les esclaves déportés d’Afrique. On retrouve par ailleurs des influences de la culture africaine dans de nombreux pays d’Amérique du Sud. Nous avons aussi eu une grande solidarité avec toutes les luttes pour l’indépendance et pour la libération nationale menées en Afrique dans les années 1960. Aujourd’hui, la participation active de l’Amérique latine et de l’Afrique sur la scène internationale garantit un ordre plus libre, plus juste et plus équitable.

Adriana Lestido, Antártida Negra [L’Antarctique noir], 2012, photographies, 60 x 90 cm, Papier Fine Art Canson ® Infinity Mat 310g

Quelle était votre intention lorsque vous avez initié Bienalsur à Buenos Aires en 2016 ?

Créer une biennale différente ! Bienalsur n’est pas un événement artistique attaché à un territoire. Ce n’est pas la biennale d’Istanbul ou celle de Venise, qui sont ancrées dans une ville bien spécifique. Bienalsur se déploie dans plusieurs lieux à travers le monde. Cette édition 2023, par exemple, est présente dans 28 pays différents. Nous n’avons pas pensé cette biennale comme ayant un centre, Buenos Aires, et des lieux subordonnés. Chaque ville dans laquelle nous sommes établis est un centre. Rien n’est périphérique.

Cette déterritorialisation est très importante pour nous car nous voulons connecter le plus grand nombre de publics des différentes parties du monde. On dit souvent que la culture est un des droits consacrés dans la Déclaration des droits humains de 1949. Dès le début du projet, nous pensions que nous devions faire un format qui favorise la démocratisation de l’art et permette aux publics d’exercer leur droit à la culture.

Affirmer qu’il n’y a pas de centre, est-ce une façon de battre en brèche une certaine hiérarchisation, consciente ou inconsciente, entre les pays du Sud et du Nord ?

Nous ne voulons pas être dans une logique de concurrence entre le Nord et le Sud. Nous n’affirmons pas, comme par exemple l’artiste uruguayen Joaquín Torres-García qui inverse les pôles dans son América Invertida, que le Sud est plus important que le Nord. Ou vice-versa, d’ailleurs. Nous voulons créer des connexions entre Nord et Sud. Non seulement nous voulons présenter dans l’hémisphère Nord des artistes du Sud mais aussi faire venir dans l’hémisphère Sud des artistes du Nord. L’idée est, avant tout, de créer des circulations.

Adriana Lestido, Antártida Negra [L’Antarctique noir], 2012, photographies, 60 x 90 cm, Papier Fine Art Canson ® Infinity Mat 310g

Bienalsur revendique pourtant dans sa dénomination le fait que c’est une biennale venant du Sud…

Plus qu’une remise en cause de l’hégémonie occidentale, Bienalsur veut promouvoir les Global Souths comme une façon de travailler et de lutter pour une plus grande égalité dans les relations entre pays. C’est pour cela que Bienalsur s’implante aussi bien aux Etats-Unis qu’en Uruguay, en France, au Bénin ou au Japon. C’est une manière d’affirmer que nous ne faisons pas de différence entre ce qui est considéré, sur la scène internationale, comme « grands » et « petits » pays.

Je crois que les pays du Sud promeuvent, et ce depuis longtemps, des idées de justice sociale et d’autodétermination qui sont très importantes. Lorsque nous parlons de « Sud global », nous évoquons cette volonté de vivre dans un monde plus équitable avec moins de problèmes liés à l’inégalité et aux discriminations

Propos recueillis par Emmanuelle Outtier

— « Entre temps et espaces », Musée national de la photographie, Rabat, jusqu’en mars.

Adriana Lestido, Antártida Negra [L’Antarctique noir], 2012, photographies, 60 x 90 cm, Papier Fine Art Canson ® Infinity Mat 310g
Hakim Benchekroun, série Lost in Morocco, 2012-2022-2023, photographies, 60 x 90 cm/ 80 x 163 cm/ 90 x 60 cm, Papier Fine Art Hahnemühle ® Ultrasmooth Photographique
Hakim Benchekroun, série Lost in Morocco, 2012-2022-2023, photographies, 60 x 90 cm/ 80 x 163 cm/ 90 x 60 cm, Papier Fine Art Hahnemühle ® Ultrasmooth Photographique
Carolina Cardich, Impermanencia [Impermanence], 2014-2016, photographies, 60 x 45 cm/ 100 x 66 cm, Papier Fine Art Canson ® Infinity Mat 310g
Carolina Cardich, Impermanencia [Impermanence], 2014-2016, photographies, 60 x 45 cm/ 100 x 66 cm, Papier Fine Art Canson ® Infinity Mat 310g
Lamia Naji, série Vertigo, 2009, photographie, 90 x 120 cm, Papier Fine Art Hahnemühle ® Ultrasmooth Photographique
Khalil Nemmaoui, série Une navette pour la lune, 2019, photographie, 60 x 80 cm, Papier Hahnemühle ® Baryta Mat Photographique
Khalil Nemmaoui, série Une navette pour la lune, 2019, photographie, 60 x 80 cm, Papier Hahnemühle ® Baryta Mat Photographique

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