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EDITO 44: Y a-t-il un public pour l’art contemporain arabe et africain ?

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Le premier numéro de Diptyk paraissait en juin 2009. En couverture, Mounir Fatmi nous regardait de face, de son air sûr et tranquille. Nous avions utilisé sa force pour poser cette question : y a-t-il un art contemporain arabe ? Celle que nous pourrions nous poser, neuf ans plus tard, est celle-ci : y a-t-il un public pour l’art contemporain arabe et africain ? Ce numéro d’été répond en partie à la question, que nous devrons nous reposer périodiquement dans ces pages.

À la Biennale de Dakar, qui s’achève ces jours-ci et sur laquelle nous publions un important reportage, j’ai été frappée par la capacité de l’événement à recruter un public local important et enthousiaste. Il faut imaginer l’inauguration, le 3 mai dernier, au Théâtre national, en présence du président Macky Sall et d’officiels politiques, un théâtre plein à craquer : scolaires, notables, fanfare, chorale… L’art contemporain africain sera célébré comme une fête nationale, on le sent dès ce premier matin. Et quelques heures plus tard, dans les travées patinées du Palais de Justice qui accueille depuis deux éditions la grande exposition internationale, étudiants, badauds, curateurs internationaux, galeristes, collectionneurs, journalistes mêleront leur ADN visuel autour d’œuvres sélectionnées pour leur capa- cité à parler d’elles-mêmes. Cuisine chère à Simon Njami, qui signe là sa deuxième et dernière édition de la grande biennale africaine, « l’Heure rouge » est un mélange de vidéos, peinture, installations, photos qui parlent des désordres du monde et des espoirs à nourrir.

La recette de cette biennale repose sur la sublimation dont sont capables les artistes du continent quand ils nous parlent des destructions d’un ouragan, de l’évangélisation forcée, des pulvérisations au gaz moutarde, de la difficile émancipation des femmes, de la décolonisation, de la traite négrière… Poésie à l’image de Zaytouna, cet olivier millénaire de l’artiste marocain Younès Rahmoun, vibrant

de vie, symbole de longévité et d’espérance. Partout, la couche d’opacité dont se revêt parfois l’art contem- porain a été raclée, polie, érodée, conférant à chaque mètre carré de cet espace d’exposition, la mission de réenchanter le monde.

Ne refermez pas Diptyk sans lire, en anglais, le récit de la biennale off sur l’île de Gorée, lieu de mémoire de la traite négrière classé au patrimoine de l’Unesco, publié dans sa version originale pour restituer l’enthousiasme d’une jeune auteure irano-américaine en résidence à Tétouan.

Meryem Sebti 
Directrice de la publication et de la rédaction
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