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[EDITO #61] La fragilité, nouveau mantra de l’art contemporain ?

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Meryem Sebti, magazine Diptyk
Meryem Sebti, directrice de la publication et de la rédaction du magazine Diptyk

Si le mantra est un instrument de pensée, celui de notre époque pourrait bien être la fragilité, rencontrée massivement en cette rentrée artistique comme thématique d’exposition mais aussi comme principe actif de création pour les artistes. Elle s’est imposée au duo star de curateurs Sam Bardaouil et Till Fellrath lorsqu’ils se sont mis en conversation dès 2020 avec les artistes pressentis pour la Biennale de Lyon, souvent à distance et au cœur de leur isolement.

Trouvés dans des états d’extrême fragilité physique, psychologique, parfois économique, les artistes, issus des quatre coins du monde, ont été invités à rendre compte de ces états dans les œuvres disséminées dans les lieux de cette ville portée et marquée par l’Histoire.

Que nous disent de la fragilité adolescente les corps avachis ou en chute de Dhewadi Hadjab, en couverture, sinon que le déséquilibre, ressort technique ancien de la peinture, que ce soit la nature morte, le paysage ou le portrait, peut devenir LE sujet de la peinture, à un moment où précisément la santé mentale creuse la matière même de la société contemporaine ?

À Marrakech, que recherche le MACAAL, dans la récente exposition que le musée consacre à l’artiste malgache Joël Andrianomearisoa ? Un lien organique, une médiation, une reconnaissance mutuelle entre l’art contemporain et le monde artisan trop souvent exploité pour être ensuite abandonné à sa précarité.

Mais la vérité est dans la nuance. On a aussi voulu montrer que la fragilité pouvait changer de camp. Longtemps assignée au sexe dit faible, elle ne définit plus, loin s’en faut, la condition féminine. On le dit dans notre très beau dossier « Mon portrait, ma bataille ». Cheveux dressés, nudité assumée, regard insolent, costumes déjantés… sont autant de stratégies de combat déployées par des femmes artistes dans des séries d’autoportraits pour public averti. Ici point de victimes, ni de faibles créatures, finies la propreté et la bienséance. Place au cri de femmes fortes et puissantes, aux commandes de leurs codes de représentation.

Chers lecteurs, voyageurs de l’art, que vous soyez fragiles ou résilients, bonne rentrée !

Meryem Sebti,
Directrice de la publication et de la rédaction

Retrouvez le numéro 61 de Diptyk en kiosque ou sur notre e-shop, en format papier ou format PDF

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