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Connu pour son activisme dans l’espace public casablancais, L’Atelier de l’Observatoire présente à la fondation Slaoui “Mémoire des cactus et mystère des cochenilles”, une exposition engagée qui documente la progressive disparition des figuiers de Barbarie.
À la disparition programmée des figuiers de Barbarie, les curateurs de l’exposition “Mémoire des cactus et mystère des cochenilles”, Mohamed Fariji et Eugénie Forno, tous deux chercheurs indépendants, répondent par un double engagement. Pédagogique tout d’abord, à travers une plongée visuelle et sonore dans l’histoire de l’art et celle d’une plante dont on pensait à tort tout connaître. La première partie de l’exposition présentée au Musée de la Fondation Slaoui nous conduit en direction du Mexique d’où le cactus provient, et dans l’atelier des grands maîtres de la peinture. De Van Gogh à Cézanne, dont des œuvres iconiques sont ici reproduites, nombreux sont les artistes à avoir utilisé le pigment extrait de la cochenille dans leurs compositions.
L’engagement citoyen, sans lequel l’Atelier de l’Observatoire ne serait pas ce qu’il est, s’accompagne surtout d’un goût prononcé pour les expérimentations plastiques cherchant à contourner le désastre en cours. Tel est le sens du travail de Mohamed Fariji qui accorde une seconde vie à la plante en créant ses propres codex de Laâssilat. Une machine à broyer les fibres de cactus a été façonnée de ses propres mains pour l’occasion, lui permettant de recréer, quelques milliers d’années après les premières inventions chinoises, son propre papier.
Mais la véritable découverte de cette exposition, où le goût du savoir rivalise avec une soif enthousiaste de créer, réside dans les tirages photogrammes et les cyanotypes réalisés par le duo de photographes Chahine Fellahi et Kaïs Aïouch. Patiemment, ils renouent avec des protocoles de prises de vue et de tirage nécessitant de longs temps de pose, comme si la patience demeurait une vertu plus essentielle encore que le sentiment toujours plus pressant d’urgence écologique. Une leçon de sagesse.
Olivier Rachet