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[Expo] Avec Mo Baala, miniaturisme et grandes envolées

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Dans sa dernière exposition tangéroise, “Absence & Présence, Fragments entre la main et le cerveau”, Mo Baala continue de faire ses gammes. Déclinant avec brio ses différentes techniques et nous délivrant au passage quelques clés nouvelles de compréhension de son travail.

On connaît la grande dextérité de Mo Baala. L’aisance avec laquelle il découpe dans le cuir ou le textile ses créatures anthropomorphes, son habileté à créer des compositions à mi-chemin du patchwork et des papiers collés de Matisse. En témoigne la monumentale installation textile de 3 mètres sur 6 mètres, pièce maîtresse de l’exposition « Absence & Présence, Fragments entre la main et le cerveau », présentée à la Galerie Delacroix de Tanger. L’artiste y rend hommage, à sa façon féérique et fantasque, à la théâtralité de la place Jemaa el-Fna de Marrakech et à toute une tradition d’arts dans l’espace public qui nourrit un imaginaire à l’inventivité foisonnante.

L’Entrée œuvre commissionnée par Sonia Perrin pour DaDa. Installation textile. Découpages de cuir sur textiles. 300 x 600 cm. Mo Baala, 2019

Comme le suggèrent les références musicales qui sont les siennes – « J’ai grandi parmi les Abid, Gnawa, Issawa, Daqqa, Hamatcha…, confie-t-il à Aniko Boehler, commissaire de l’exposition, mais également entouré de gens qui écoutaient les Doors, Bob Marley, Pink Floyd, Janis Joplin & Tracy Chapman… » – l’univers de Mo Baala brille par son syncrétisme absolu. Une cosmogonie en puissance dans laquelle la peinture flamande dialogue avec la virtuosité des artisans de Taroudant et le militantisme d’un art afro-américain dont l’artiste perpétue la tradition lettrique.

Mo Baala, 2021, Moi et le Mur de Taroudant, Technique mixte sur toile 120 cm x 100cm,

S’il l’on reste circonspect de prime abord par la présence de mannequins habillés par ses motifs ou autres accessoires qui ne dépareilleraient pas dans une boutique de mode, on se demande au final si l’artiste ne marche pas plutôt sur la trace de ses lointains ancêtres de l’époque arabo-andalouse. Inventeurs un peu fous tels que le musicien Zyriab [789-857], surnommé « L’oiseau noir » ou Abbas Ibn Farnas [810-887] qui aurait réussi, selon la légende, à s’envoler grâce à un habit recouvert de plumes d’oiseaux. « Mon cœur est plus élégant que la chevelure de Zyriab et mon esprit est frais et plus sophistiqué que les ailes d’Abbas Ibn Farnas, juste pour que tu comprennes que je peux m’envoler », écrit Mo Baala; poursuivant ainsi son envolée libre dans une histoire de l’art qu’il rejoint avec la grâce du Phénix. Renaissant toujours de ses cendres.

Olivier Rachet

Exposition « Absence & Présence, Fragments entre le main et le cerveau », Mo Baala, Galerie Delacroix, Tanger, jusqu’au 31 mai 2021. 

 

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