L’exposition « L’Orient des peintres, du rêve à la lumière » se propose de montrer en une soixantaine de tableaux comment, à un fantasme construit autour de la figure de l’odalisque (la belle Arabe, voilée dehors, en déshabillé dans l’intimité du harem, nue au bain maure ou exposée à l’éventaire des marchands d’esclaves), s’est progressivement substituée une réflexion picturale plus formaliste, fondée sur le paysage, qui traite de couleurs, de valeurs, de volumes et d’aplats et mène, à terme, à l’abstraction. Ainsi peut-on lire sur le site du musée, en conclusion du pitch de l’exposition : « La nais- sance de l’abstraction ainsi passe par l’Orient : l’exposition sera alors l’occasion de découvrir certains aspects moins connus de l’art moderne à sa naissance. » Et, sur une des cimaises : « L’épuration progressive du motif et de la palette conduit les artistes voyageurs à une sobriété inédite dans la composition de paysages […]. Pour ces artistes, l’Orient est moins une réserve de motifs pittoresques que l’occasion de réfléchir à la couleur et à la composition, en créant des harmonies qui respectent la surface du tableau. » Chatoyantes, comme celles de Delacroix, de Chassériau, de Kandinsky, ou sobres comme celles d’Ingres, de Fromentin, de Marquet – et souvent sobres et chatoyantes à la fois –, les œuvres présentées sont, dans l’ensemble, de grande qualité.