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[Street-art] Festival Jidar : aux arts, citoyens !

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Pour la 6ème édition du festival street-art Jidar, dix artistes de toutes nationalités s’emparent des murs de Rabat. Un tremplin XXL pour de jeunes artistes marocains qui y font leurs armes.

Que serait une ville sans art ? Une carcasse, une entité abstraite aux colosses de béton. Longtemps négligé, l’espace public est désormais un terrain de jeu pour les artistes urbains qui se le réapproprient à l’occasion du festival Jidar (“mur”, en arabe). Pour cet “Acte VI”, dix artistes retapissent la capitale de leurs fresques colorées, insufflant une poésie certaine là où ne brillait auparavant que le vide. Avec leur élégant cheval fantomatique tout en courbes célestes et vibrations éthérées, les sœurs Emu et Eru Hamadaraka distillent, dans le quartier de Yacoub El Mansour, une bonne dose de mysticisme oriental directement inspiré de l’ukiyo-e (art de l’estampe, ndlr) et du folklore japonais. À l’autre bout de la ville, l’artiste basque Udatxo, elle, encapsule le réel du quotidien. Sans détours ni faux-semblants. De son tracé brut, elle dépeint le chaos serein d’une rue r’batia où chacun s’affaire à sa tâche. Un zoufri en bleu de travail, une femme portant son enfant, un quidam achètant une bonbonne de gaz et le spectateur se repaît de cette atmosphère séculaire et pérenne de ruelles entremêlées.

ERU & EMU HAMADARAKA, avenue Al Majd, Résidence Annakhil 4AD - - crédit photo : Shams Parker

Street-art made in Morocco 

Initié par l’association EAC-L’Boulvart qui a fait émerger depuis les années 2010 toute une génération de street-artistes à Casablanca, le festival Jidar est avant tout une tribune pour les artistes marocains. On y retrouve cette année des artistes confirmés qui ont acquis sur la scène locale une certaine notoriété comme Omar Lhamzi qui se concentre sur un travail de couleurs, à la lisière de la bande dessinée; Imane Droby qui va davantage taquiner des scénettes de la vie réelle comme l’illustre sa fresque r’batia où une jeune femme coud un motif sur tissu. Bakr, lui, est plus porté vers une “modernité traditionnelle” où des robots côtoient des taxis rouges dans les rues de Casablanca. Chacun a son parcours et tous se valent : Omar a étudié les comic-strips, Bakr la peinture classique et Imane le graffiti.

OMAR LHAMZI, avenue Sidi Mohammed Ben Abdellah, Imm. Al Widad - crédit photo : Shams Parker

Confidentielle, la scène street-art l’est au Maroc. Elle tend pourtant à faire des émules. Neuf jeunes artistes se sont frottés à l’exigeant travail de la fresque sous la supervision d’un Yassine Balbzioui en forme. « Si l’art participe à réveiller une sensibilité c’est parfait, mais si tu dois changer quelque chose en toi 9fertiha », s’amuse-t-il. Sur le mur collectif où tous déploient leur univers, Balbzioui déroule son répertoire en une divagation réussie.

La diversité des profils de la sélection 2021 fait, en somme, la force du festival Jidar qui s’immisce, cette année encore, dans le sphère de l’art muséal :  le peintre espagnol Txemy réalise une fresque sur l’un des murs extérieurs du musée Mohammed VI. Signe d’une volonté de démocratiser cet art jadis clandestin, au risque aussi de (trop) l’institutionnaliser.

Shams Parker

IMANE DROBY, avenue des Forces Armées Royales, Ecole Fquih Mohamed Ghazi - crédit photo : Shams Parker
ELIAN CHALI, angle Avenue Moustapha Assayeh et rue Assad - crédit photo : Shams Parker
Détail du mur collectif supervisé par Yassine Balbzioui, avenue Allal Al Fassi, en face de l’École Nationale d’Architecture
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