Taper pour chercher

Hyacinthe Ouattara, la trajectoire des fils

Partager

Symbolisant à la fois la fragilité de la vie et la force du lien, les oeuvres textiles de l’artiste burkinabé sont un « plongeon dans l’humanité ». Certaines sont à découvrir à la galerie Afikaris (Paris), jusqu’au 26 novembre.

Chez Hyacinthe Ouattara, le choix de travailler le textile relève d’une conscience existentielle et d’un intérêt particulier pour l’aspect composite des corps. « La notion de matériau composite est un élément important à mes yeux. Cette idée traduit mon obsession de la métamorphose du matériau textile et de la poésie que j’y trouve, à savoir l’organique, le cellulaire et les traces d’une vie », commente l’artiste. Présentant un assemblage de chutes de tissu et de fils divers, ses œuvres constituent un univers organique reflétant la malléabilité de la vie elle même.

Créée à partir d’un amalgame de tissus et exposée à la Biennale de Dakar 2022, la série Composite agit comme trace d’une mémoire humaine commune. Le tissu devient une peau secondaire qui acquiert à travers sa suspension une respiration propre, elle flotte dans un espace avec lequel elle communique. Les chutes de tissu récoltées et raboutées par l’artiste transmettent les souvenirs d’une vie antérieure dont la nature reste à imaginer par le spectateur. De fait, le travail de Hyacinthe Ouattara donne toute son importance au mystère et au doute continu, puisque l’artiste reste l’« artisan de l’inconnu ».

Hyacinthe Ouattara, Fragilités #1, 2020, 145x100 cm, techniques mixtes sur tissu Courtesy de la galerie AFIKARIS

Comme des cellules composantes, chaque tissu s’insère de manière indépendante dans un souffle commun, idée qu’il a explorée récemment à travers son installation immersive Habiter le Monde qui nous habite à la Fondation H à Paris. Les oeuvres textiles constituent pour lui « un plongeon dans l’humanité » et ses complexités, puisqu’elles cherchent à voiler et à représenter en même temps. Le nouage de tissu suggère la complexité dans laquelle les êtres vivants interagissent, en oscillant entre le monde naturel et la sphère spirituelle, comme l’évoque la série Fragments, présentée à la Biennale du Congo 2022. Ses oeuvres transmettent la fragilité de la vie en mouvement, mais aussi la force du lien. Nous nous trouvons face à des territoires à trajectoires multiples qui se composent selon le rythme du rhizome, « racine qui s’étend à la rencontre d’autres racines » comme écrivait Édouard Glissant, que l’artiste cite explicitement dans ses réflexions. Les oeuvres textiles tissent des liens à l’infini et traduisent, chez Hyacinthe Ouattara, cette volonté d’aller vers l’Autre, de créer des relations et de répondre à l’urgence de l’échange.

Hannah Hartz

Hyacinthe Ouattara, « Une Odyssée de l’espace », galerie Afikaris, Paris, jusqu’au 26 novembre 2022.
Vues de l’installation in situ Habiter le Monde qui nous habite, Fondation H, 2022 © Fondation H
Hyacinthe Ouattara, Fragment, 2022, tissu, 160 x 160 cm. © Galerie AFIKARIS, Courtesy AFIKARIS
Tags:

Vous pouvez aimer aussi

Laisser un commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked *

x
seisme maroc

La rédaction de diptyk se joint aux nombreuses voix endolories pour présenter toutes ses condoléances aux familles des victimes du séisme qui a frappé notre pays.

Nos pensées les accompagnent dans cette terrible épreuve.

Comme tout geste compte, voici une sélection d'associations ou d'initiatives auxquelles vous pouvez apporter votre soutien :