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[ITV] Comment s’organise le prêt des œuvres d’une collection privée ?

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Sans les collections de la Fondation Attijariwafa Bank, la rétrospective Entrée en matière consacrée à Fouad Bellamine au Musée d’Art Moderne et Contemporain Mohammed VI et celle de Abbès Saladi au Musée de Bank Al Maghrib de Rabat, n’auraient sans doute pas eu une telle ampleur. Responsable du pôle Art & Culture de la Fondation Attijariwafa Bank, Ghitha Triki nous explique comment s’organise le prêt des œuvres.

Existe-t-il un catalogue en open source de vos collections ? 

Il existe mais il n’est pas en open source puisqu’il s’agit d’une collection privée. On y trouve des informations techniques, l’année d’exécution, les dates relatives à l’artiste et quelques mots clés nous aidant à nous repérer. Par exemple, s’il s’agit d’une œuvre géométrique, nous notons cette observation. Le catalogue est surtout un outil de travail interne très vaste en termes de dates, de styles et de correspondances visuelles. Nous sommes prêteurs pour les grands musées et nous-mêmes concepteurs d’expositions, depuis l’ouverture en 1995 de l’Espace d’art Actua.

Dans quelles grandes expositions, nationales et internationales, se trouvent par exemple les œuvres de la collection ? 

Nous avons prêté nos œuvres à toutes les grandes expositions organisées ces deux dernières années. Dans un ordre rétrospectif : Bellamine au MMVI, Habbouli à la Villa des arts, Saladi à Bank Al-Maghrib, Chaïbia à la Fondation CDG et enfin la quasi moitié des œuvres exposées dans le cadre de la rétrospective Gharbaoui, toujours au MMVI. Nous aurions souhaité participer à l’exposition « Trilogie marocains 1950-2020 » à Madrid. Hélas, les conditions sanitaires n’ont pas facilité cette opportunité.

©Fouad Bellamine

Comment les prêts s’organisent-ils ? 

On est préparé en interne à ce qu’il y ait 4 ou 5 demandes de prêt par an, au niveau national et international. Les institutions nous adressent une demande officielle, le plus souvent pour des rétrospectives. Elles se sont documentées en général en amont à partir des deux livres présentant nos collections dont 30 ans de mécénat publié en 2001, ayant fait l’objet d’une réédition. S’enclenche alors l’instruction d’une note complète relative à la viabilité du prêt et de l’institution emprunteuse.

À l’international, il faut présenter notamment des garanties de transport et de conservation sur place. Nous exigeons des conditions muséales. Avant que l’œuvre ne sorte, un constat d’état est réalisé par les deux parties. Grâce à l’existence du musée d’art moderne et contemporain Mohammed VI, un même modèle circule entre les institutions, comportant l’ensemble des détails d’observation de l’œuvre. Celui-ci est joint au contrat d’assurance et à la convention qui nous lie à l’organisme emprunteur. Ce sont des normes établies pour toutes les institutions. Ce constat est vérifié au retour de l’œuvre. S’il y a des défauts, ils sont signalés.

Aujourd’hui, des institutions telles que la Villa des arts, le Macaal ou la Fondation CDG ont des chargés d’exposition gérant au mieux ces questions. Le musée Yves Saint Laurent de Marrakech, par exemple, présente même un facility report d’une grande exigence concernant les normes à respecter, allant jusqu’à mentionner le respect de la circulation.

Comment vous prémunissez-vous sur le plan juridique ? 

Le constat d’état dont je viens de parler n’est qu’un des éléments de la convention de prêt qui comporte bien entendu d’autres contraintes cadres soumises aux emprunteurs. Concernant l’aspect risque, on exige avant toute sortie d’œuvre une attestation d’assurance Clou à clou. Le transporteur a lui-même des normes à respecter. En termes de communication, la Fondation tire grand bénéfice de ces prêts, étant présente et visible sur tous les supports de l’emprunteur, dans les catalogues et les réseaux sociaux. Nous cédons d’autre part les droits à l’emprunteur de publier les reproductions uniquement pendant la période du prêt. Les articles existent qui délimitent le droit moral et patrimonial des artistes et de ses ayant-droits.

Jilali Gharbaoui: Djilis. 1959. Mixte sur toile. 96,5x162. COLLECTION ATTIJARIWAFA BANK

Avez-vous un droit de regard sur les œuvres empruntées ? 

Cela est en effet discuté en amont. Nous avons notre mot à dire. Les emprunteurs partent des livres de notre collection, mais un échange s’établit souvent car une exposition est toujours en construction et des hésitations peuvent apparaître. On a pu ainsi avoir des échanges très stimulants avec le Macaal et le curateur Morad Montazami lors de la préparation de l’exposition « New Waves, Mohamed Melehi » et les archives de « L’École de Casa ». J’ai pu être étonnée qu’ils tiennent à présenter, aux côtés d’œuvres plutôt peintes, des estampes dont la sérigraphie représentant la flamme, symbole pour la libération de la Palestine datant de 1970. Mais cela faisait sens au final, car témoignant de l’étendue des supports utilisés par l’artiste.

Propos recueillis par Olivier Rachet

Visuel de Une : ©visage du Maroc

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