L’édition 2016 du Prix Marcel Duchamp, emmenée par Kader Attia, Yto Barrada, Barthélémy Toguo et Ulla von Brandenburg, sonne comme un air de renouveau. Que nous réserve ce Prix 2016 qui fait la part belle aux artistes du continent ?
Il y a des rendez-vous qui comptent. Le Prix Marcel Duchamp en est un. Sur le modèle du Turner Prize britannique, ce prix initié par des collectionneurs privés regroupés au sein de l’Adiaf (Association pour la diffusion internationale de l’art français) distingue depuis 2000 un artiste issu de la scène hexagonale – qu’il soit français ou résident en France. Après une première sélection pour laquelle sont sollicités les 400 membres de l’Adiaf, un comité de dix collectionneurs auquel participe le président de l’association, Gilles Fuchs, arrête son choix sur les finalistes (quatre depuis 2005). Parmi les critères pris en compte : nombre de références dans les propositions des adhérents, parcours, originalité… « Nous choisissons des artistes qui correspondent le plus à ce que nous pensons être l’esprit de l’époque », souligne Gilles Fuchs. Et cette année, l’air du temps semble plus que jamais africain, avec les nominations de Kader Attia, Yto Barrada et Barthélémy Toguo.
Amortir la dimension chauvine
Cette cuvée 2016, dans laquelle on retrouve également l’allemande Ulla von Brandenburg,« va changer la perception que l’on peut avoir de ce prix, amortir la dimension chauvine » remarque Roxana Azimi, rédactrice en chef du Quotidien de l’Art. « À un moment où la société française se pose des questions sur l’identité, cette sélection tombe à pic », poursuit-elle. Le dénominateur commun de ces quatre artistes ? Des parcours qui « interrogent le refoulé de nos sociétés contemporaines, leurs réalités cachées », répond la conservatrice Alicia Knock, chargée de l’exposition qui rassemblera les quatre nommés au Centre Pompidou.
Autre inflexion pour cette édition : une affiche qui privilégie des artistes déjà bien intégrés dans le circuit de l’art mondialisé. Jusqu’ici, le Prix Marcel Duchamp avait plutôt vocation à « lancer des artistes à l’international ». Mais que ce soit pour Kader Attia (nommé pour la seconde fois au Prix Marcel Duchamp et célébré à la dernière documenta), Barthélemy Toguo (présent à la Biennale de Venise 2015), Yto Barrada (Biennale de Venise 2011, Biennale de Marrakech 2016) ou Ulla von Brandenburg (Biennale de Lyon 2011), l’enjeu n’est plus la découverte de jeunes artistes qui, une fois primés, se voyaient assurés une place confortable au sein du marché de l’art. Même si cette reconnaissance s’insère dans une dynamique beaucoup plus vaste (rôle des galeries, nombre d’expositions, présence dans les grandes foires…), il y a bien un effet « Prix Marcel Duchamp ». En avril 2013, une peinture acrylique de Latifa Echakhch était adjugée 29 054 € chez Christie’s Dubaï. En décembre 2015, une acrylique de même dimension était vendue 152 801 € chez Phillips à Londres. Entretemps, la Franco-Marocaine avait reçu le Prix Marcel Duchamp à l’automne 2013.
Un article d’Emmanuelle Outtier
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Exposition Prix Marcel Duchamp, Centre Pompidou, Paris, du 12 octobre 2016 au 16 janvier 2017. Annonce du lauréat le 18 octobre au Centre Pompidou, Paris.
Lire dans le numéro #35 Kader Attia par Clémentine Deliss
Affiches réalisées par Melehi et Hariri pour le numéro spécial Palestine en 1969
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