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L’art est dans le jardin

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Les beaux jours reviennent, c'est l'occasion de se promener à Marrakech dans le jardin qui longe le boulevard Mohammed V, et où est installé depuis décembre, un parcours de sculpture monumental qui questionne le devenir de la planète

 

Depuis des années, le jardin était à l’abandon, échoué sur l’un des flancs du boulevard Mohammed V où stationnent les calèches. En collaboration avec l’agence BDA et avec le soutien de la mairie et de la wilaya, ce « non-lieu » de la ville s’est transformé en jardin public exposant les sculptures monumentales de 22 artistes questionnant le devenir de la planète. Curaté et soutenu à bout de bras par le peintre, sculpteur et écrivain Mahi Binebine, le projet étonne par sa générosité mais aussi par sa sincérité : aucun des artistes qui y est représenté n’a attendu la COP22 pour engager une réflexion environnementale. De la somme de leurs travaux, implantés dans ce jardin réhabilité aux normes de l’écologie moderne, se dégage une calme poésie. Les enfants, les parents, les amoureux, les disocupatti… tous se prennent en photographie devant les œuvres, flânent ou se reposent sur un banc, à distance du vacarme de l’avenue que peu d’entre eux s’entêtent à longer. Ils préfèrent désormais à l’artère grouillante la traversée du jardin où les parterres de gazon, de gravillons et de cactées créent des moments de silence propices à la contemplation des sculptures – monumentales à différentes échelles.

De curieux dialogues s’engagent entre certaines de ces œuvres, dans leur fonction d’abri ou de refuge, d’alerte ou d’espoir. D’un strict point de vue formel, des parentés s’établissent ainsi entre les espèces végétales d’Abderrahim Yamou, Hassan Bourkia, Abdelkrim Ouazzani, Florence Arnold et Mohamed Melehi, entre les espèces animales de Jean-François Fourtou et Nicola Salvatore, entre les matrices de Fatiha Zemmouri, Abdeljalil Saouli et Mohamed Mourabiti, entre les humains de Mahi Binebine, Karim Alaoui et Hafiz Takorait, ou encore entre les recyclages de Hassan Hajjaj, Soukaina Aziz El Idrissi et de l’Association Massar pour la culture et l’art (Rachid Assiraj et Doha Safraoui, en collaboration avec Mohamed Imaghrak). 

 

Parenthèse enchantée

C’est aussi, par exemple, l’arbre métallique de Mohamed Melehi (la cinquième de ses sculptures monumentales, signée de son habituel alphabet ondulatoire) qui, au couchant, réfléchit les rayons du soleil sur les étoiles qui émergent de la structure en béton particulièrement monumentale de Yasmina Alaoui – une première dans le parcours de l’artiste. Ce sont enfin les bornes kilométriques de Hassan Darsi gravées des paroles révélées de l’islam, ou l’installation sonore de Marco Guerra (avec Richard Horowitz) sur le thème de la mémoire de l’eau, qui transcendent la matérialité du monde. 

Une conversation, une traversée, une destination, une parenthèse de calme, de repos, de sage réflexion… le lieu est un peu de tout cela et l’on se prête à sourire de la familiarité enjouée avec laquelle le public se l’est approprié, comme s’il avait toujours été là. Corinne Cauvin

Jardin des Arts de Marrakech, Avenue Mohammed V, Marrakech.

 

 

https://www.facebook.com/jardindesartsmarrakech/

 

http://visitmarrakech.ma/ouverture-jardin-arts-de-marrakech.html

CHAIBIA acrylique sur toile 144 x 113.5 cm 1988. Collection AWB
CHAIBIA acrylique sur toile 144 x 113.5 cm 1988. Collection AWB
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