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Le gai savoir de Barbara Wildenboer

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Réutilisant des matériaux comme on se réapproprie une culture, l’artiste sud africaine, récemment en résidence à Marrakech, confectionne des sculptures collages et des dioramas qu’elle conçoit comme « une célébration de la connaissance ».

« En un sens, je suis une voleuse », déclare non sans humour Barbara Wildenboer. Hantée par la question de la réappropriation culturelle, l’artiste sud-africaine s’appuie toujours sur des objets préexistants tels que des livres ou des pages découpées dans les revues d’art ou les magazines, pour donner forme à des sculptures totémiques et des « livres altérés » qui se déploient en relief tels des pop-up. « Je m’empare de matériaux naturels, explique-t-elle, et je les combine afin de créer de nouvelles formes d’expérience », à l’image de la façon dont l’Occident s’est réapproprié des artefacts africains pour les transformer en oeuvres d’art. « Je crée de nouvelles fictions » comme les musées ont pu le faire, au cours du siècle précédent, avec les masques et la statuaire africaine. Sa récente série intitulée Loot (butin), exposée à Lisbonne (This Is Not A White Cube Gallery), s’inscrivait au cœur de cette réflexion que n’aurait pas reniée un scientifique comme Lavoisier, selon lequel « rien ne se perd, tout se transforme.»

Courtesy Barbara Wildenboer © Montresso* Art Foundation - Mourad Boulhana

Or, chez Barbara Wildenboer, l’ambition scientifique va toujours de pair avec un intérêt pour les formes mythologiques ou magiques du savoir. Récemment passée en résidence à Jardin Rouge, elle s’apprête à se rendre dans un jardin de cactées de Marrakech, le plus important d’Afrique, afin de découvrir une espèce de plante appelée communément « le manteau de Joseph », en référence au manteau coloré du patriarche biblique ; la double appellation scientifique et commune d’un même objet n’ayant de cesse de l’intriguer. Les sculptures totémiques composées de petites échelles, d’images d’oiseaux et de masques africains auxquelles Barbara Wildenboer s’attelle aujourd’hui, de même que les dioramas qu’elle projette de fabriquer, constitueront « une célébration de la connaissance », revisitant à la fois la dimension rationnelle et surnaturelle du savoir. S’apparentant à des natures mortes, ces oeuvres en cours de réalisation ambitionnent de revivifier un monde peut-être en train de disparaître. Citant les écrits de Susan Sontag et de Roland Barthes sur la photographie, Barbara Wildenboer affirme : « Lorsqu’on photographie une chose vivante, on la tue ; et lorsqu’on photographie une chose morte, on lui redonne vie. » L’art ou le pouvoir chamanique de vaincre la mort ?

Olivier Rachet

Courtesy Barbara Wildenboer © Montresso* Art Foundation - Mourad Boulhana
Courtesy Barbara Wildenboer © Montresso* Art Foundation - Mourad Boulhana
Courtesy Barbara Wildenboer © Montresso* Art Foundation - Mourad Boulhana
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