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Le peintre sénégalais Ousmane Niang réactive le pointillisme

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Le peintre sénégalais est venu poser ses pinceaux pas comme les autres en banlieue parisienne, dans la nouvelle résidence créée par la galerie Afikaris. En France comme à Dakar, il poursuit son combat en faveur de l’éveil des consciences sur l’environnement.

La peinture d’Ousmane Niang est anachronique, c’est-à-dire éternelle. Prise entre plusieurs temporalités, inspirée du style pointilliste de la fin du XIXe siècle, elle parle d’essentiel, comme la préservation de la nature. Curieusement, l’artiste ne cite pas tout de suite Seurat parmi ses références, mais des précurseurs comme Van Gogh ou des héritiers comme Klimt, ainsi que la tradition aborigène. Cette technique de la fragmentation de la touche, il l’envisage dans toute sa complexité. « Au-delà de mes inspirations, j’ai eu envie de faire des points à ma façon : des points dans des points. »

Dans ses toiles, chaque point représente ainsi la solution à un problème. Et la forme métonymique du point dans le point, « c’est la solution dans le problème. En Afrique, il est certain que nous avons plus besoin de solutions ». Multiplier ce signe, c’est pointer pour dénoncer, pour matérialiser l’évidence, ne pas laisser de place au vide. Le rôle même de l’artiste, selon Niang. Ce sont ses professeurs à l’École nationale des arts de Dakar qui l’ont mis sur la voie. Ils lui ont ouvert les yeux sur ce qu’est l’art contemporain : non seulement une esthétique mais aussi un vecteur de message.

Ousmane Niang, Portons les arbres, 2023, acrylique sur toile, 180 x 150 cm Courtesy AFIKARIS Gallery

Malgré l’accumulation de formes, Ousmane Niang cherche toujours à simplifier sa technique, dans la lenteur de la création. Tout commence par le dessin, qui donne l’esquisse de la composition finale. Puis il peint le fond, d’une touche patiemment léchée héritée de son passage aux beaux-arts. Ensuite, il s’arme de pinceaux modifiés qu’il a fabriqués lui-même pour réaliser sa version personnelle du pointillisme : il n’a gardé que le manche sur lequel il fixe un bouchon en plastique, pour produire ce fameux « point dans le point ».

À l’aise dans le calme et la solitude, Ousmane Niang est un contemplatif. L’une des toiles réalisées durant sa résidence dans l’atelier de la galerie Afikaris à Montreuil a nécessité douze jours de travail, ménageant des temps d’attente, de séchage. Une autre oeuvre qui sera dévoilée cet été dans une exposition collective dépeint un « arbre-soldat », armé d’un fusil et entouré d’oiseaux fabuleux. « Les hommes doivent protéger la forêt, explique-t-il, car sans les arbres, les oiseaux vont disparaître. »  Ils sont en quelque sorte son animal totem, que l’on retrouve de toile en toile : « Je m’identifie à eux car ce qui est important pour moi en tant qu’artiste, c’est de me sentir libre, comme un oiseau. »

Marie Moignard

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1 Commentaire

  1. user-997292 mars 21, 2024

    awesome

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