Pour autant, il ne faut pas réduire cette nouvelle exposition à sa portée polémique. L’inventivité de tout un continent est aussi mise à l’épreuve, aussi bien dans les deux autres solo shows, consacrés à Khalil Nemmaoui et Larbi Cherkaoui, que dans les projets personnels de Youness Atbane et Mohammed Arejdal. Khalil Nemmaoui présente la série Air Twelve Land, composée de neuf photographies de R12 recyclées, roulant au propane et facilitant un transport clandestin sur des routes non goudronnées. Ces « portraits » de voitures, selon les mots du photographe, représentent « l’esprit même du vintage ». Dans une nouvelle série intitulée Le Labyrinthe du sens, Larbi Cherkaoui poursuit une réflexion déjà entamée sur le soufisme en détournant des systèmes informatiques. Youness Atbane prolonge sa réflexion autour de la notion de « musée abandonné » en s’interrogeant sur la problématique de la restitution par l’Occident d’œuvres africaines. Quant à Mohammed Arejdal, on ne connaît pour l’heure que le titre de son projet, Territoires nomades, mais comme le souligne Hicham Daoudi, confiant : « Il est tout entier art. Travailler à ses côtés est déjà une poésie. C’est un être solaire qui invente des choses. » À l’image de tous les artistes ici réunis.
«Poésies africaines» avec Simohammed Fettaka, Larbi Cherkaoui, Khalil Nemmaoui, Youness Atbane, Mohamed Arejdal et Mustapha Akrim. Comptoir des Mines de Marrakech, du 21 février au 22 avril 2019.