Décevante, la Biennale de Venise a pris un pli aussi sombre que nébuleux. Les événements collatéraux, ainsi que la sélection du Palazo Grassi est plus intéressante.
L’exposition internationale conçue par la curatrice suisse Bice Curiger pour la Biennale de Venise porte mal son titre « ILLUminazioni ». Car il n’y avait strictement rien de lumineux dans l’alignement souvent confus, dépourvu de ligatures ou de dialogue. Dans le pavillon international situé dans les Giardini, l’idée d’une introduction avec trois tableaux du Tintoret pouvait être pertinente et audacieuse. D’abord parce que ce peintre du XVIe siècle est Vénitien. Mais surtout parce qu’une piqûre de rappel du passé est toujours bénéfique. Sauf que l’introduction de l’art ancien est tombée à plat, avec en vis-à-vis, des feuilles légèrement froissées de l’artiste Bruno Jacob. Quel sens est-on supposé imputer à ce face à face incongru ? De Bice Curiger, on aurait attendu autre chose que cette caricature de l’art contemporain, prompte à aviver les idées les plus réactionnaires et nauséabondes à l’instar de ceux du pathétique pavillon italien confié au politicien Vittorio Sgarbi… La suite n’est guère engageante car le parcours dévide de mauvaises œuvres de très bons artistes tels que la Suissesse Pipilotti Rist, l’Américain Christopher Wool, sans parler des papiers peints de Cindy Sherman ou encore du travail anecdotique de Cyprien Gaillard. Dans l’Arsenal et la Corderie, l’exposition joue d’entrée de jeu sur l’engorgement avec les installations du Chinois Song Dong, lesquelles étouffent presque le travail fin d’Yto Barrada autour de sa grand-mère.
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