
C’est sous le signe du surréalisme et du dadaïsme que se place la dernière exposition de Mo Baala, « La Terre est bleue comme une orange ». Faisant écho à un poème de Paul Éluard, le titre donne la clé d’un travail sur papier qui privilégie aujourd’hui les associations libres chères à André Breton. Une série de 365 collages de petit format correspondant aux 365 jours de l’année dessinent une cosmogonie toute personnelle, où les souvenirs intimes d’une adolescence passée à Taroudant cohabitent avec des réminiscences émerveillées de l’histoire de l’art. Masques africains, monuments emblématiques de Marrakech, colonnes égyptiennes rejoignent dans un joyeux syncrétisme un vocabulaire plastique plus personnel, faisant la part belle aux animaux et à l’univers de l’enfance. Mêlant sans complexes photographies, écriture et dessins au trait épuré et aux aplats de couleurs qui tranchent avec ses oeuvres précédentes où l’espace était plus saturé, l’artiste raconte aussi, à travers les motifs récurrents de l’oiseau et de personnages hybrides, une histoire d’envol et d’évasion, comme une métaphore d’une imagination toujours en éveil. Le Petit Prince de Taroudant a encore frappé.
Olivier Rachet