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LES EXPOS DE L’ÉTÉ: A RABAT, DÉCOUVREZ LES OEUVRES DE MOHAMED SARGHINI

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La plasticité du temps

La Fondation CDG et la Fondation ONA rendent conjointement hommage à Mohamed Sarghini, peintre et premier directeur marocain de l’école des Beaux-arts de Tétouan. A travers deux expositions simultanées, l’Espace Expressions CDG et la Villa des Arts de Rabat retracent le long parcours de l’artiste et de l’enseignant.

Rim Laâbi

 

De quel immatériel s’agit-il ? La lecture de l’univers plastique de Sarghini introduit inévitablement le processus de la durée. En s’imprégnant d’une des parties de sa peinture, successivement, des autres, elle incorpore comme par enchantement un élément étrange : le temps et sa plasticité. Les portraits du peintre en témoignent. Ils se distinguent par leur pénétration psychologique. Les visages sont détaillés et traduisent progressivement leur caractère secret. Leur force tient à leurs regards contentés et en extension, pétris d’intelligence, de bonté et comme d’une dimension tragique. Ils sont tantôt pénétrants et tournés vers le monde, tantôt vagues et profondément introvertis. Vus de trois quart, en mouvement infiniment ralenti, ils traduisent une humanité vivante.

 

Ce traitement réaliste et humaniste de la figure introduit le sujet dans un devenir, et fait progressivement de l’individualité une temporalité. Est-ce la temporalité d’où s’abreuve l’artiste, celle puisée aux sources de sa Méditerranée maroco-andalouse dans laquelle on a coutume de prendre le temps fugace de l’ombre ? Reste de cette temporalité particulière l’expérience d’un rythme qui permet simultanément d’allonger le temps, et d’une façon inquiétante de l’accélérer. Un rythme pictural en définitive, intimement universel, qui nous laisse entrevoir la possibilité de faire la lecture de notre propre temps et corollairement, de nous penser au sein de l’humanité. Sarghini demeure le peintre du temps qui passe, à travers le traitement de la médina et de ses habitants. Là, le chacun se confond doucement peu ou prou aux espaces enchantés qui l’ont vu naître, à travers un modelé par dégradés de couleurs sans démarcations, générant des transparences et de légères opacités, à la fois frémissantes et apaisées. C’est une atmosphère de formes architecturales qui s’interrompent et se complètent entre l’ombre et la lumière, de mosaïques et d’arabesques florales et géométriques aux luminosités changeantes, entre vives et tamisées. Et tout ce monde de ruelles, places, marchés, maisons, arcades, portes, murailles, jardins, bassins d’eau, comme en quête d’ombrage ou de temps de fraîcheur, à n’importe quel moment de la journée, souligne la précarité de l’instant.

 

 

« Exposition hommage de Mohamed Sarghini »

Villa des Arts et Espace Expressions CDG, Rabat

jusqu’au 30 septembre 2013

Mohamed Sarghini, 1957, Sans titre © Fondation ONA et Fondation CDG
Mohamed Sarghini, 1957, Sans titre © Fondation ONA et Fondation CDG
Mohamed Sarghini, 1956, Sans titre © Fondation ONA et Fondation CDG
Mohamed Sarghini, 1956, Sans titre © Fondation ONA et Fondation CDG
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