En offrant une trentaine d’œuvres inédites, l’artiste de l’abstraction lyrique rappelle sa fascination pour les supports primitifs. Toile de jute, bois, cuir auxquels il tente d’insuffler une nouvelle vie.
Il se définit comme un matiériste, un ouvrier de la matière plutôt qu’un peintre. Comme un ferronnier dans son rapport avec le fer, un ébéniste avec le bois. Cet acharnement sur la matière, c’est la marque de fabrique de Moa Bennani. Une matière sous-tendue par un rapport passionné au sensible, aux couleurs de l’océan et de la terre. Pour cette nouvelle exposition, le khôl et l’os viennent s’ajouter à la palette de matières de l’artiste. « Ce n’est pas une nouveauté en soi, mais une continuité de mon travail. Je suis toujours à la recherche de nouvelles textures, peaux, matières… qui peuvent être utilisables dans ma peinture », précise l’artiste.
Chez Moa, chaque peinture a une histoire liée à sa genèse. « Je ne pars jamais du néant mais de choses vues et vécues. Cela peut être des paysages, une photo, des choses banales, une tache de sang sur un carrelage blanc… Je vois des œuvres abstraites tout autour de moi », ajoute-t-il. Porté par une inspiration venue tout droit de la réalité, Moa se définit comme un interprète, non comme un copiste. Il insiste : « je ne peins pas la réalité, je peins l’expression de la réalité ». D’où cette nécessité de toucher ses propres limites, de ne pas se conformer dans un savoir-faire mais de s’essouffler à chaque fois en se donnant à un objet avec lequel l’artiste entretient un colloque passionné depuis plus de quarante ans…
Moa Bennani, Loft Art Gallery, jusqu'au 14 janvier 2012
Lire la suite dans diptyk n° 13.