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L’exil comme élan originel

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Du 22 mars au 15 mai, un projet transversal aborde la question de l’exil par le biais d’une exposition itinérante, d’une conférence et d’un colloque international. Les grandes lignes d’une réflexion engagée.
 

C’est une réalité politique, économique et sociale d’une brûlante actualité, mais aussi un thème fécond pour la philosophie, la psychanalyse et les arts. Ce sont toutes ces dimensions de l’exil qui interpellent la commissaire Nadia Sabri : « Ce qu’on vit actuellement avec les flux migratoires est tragique, mais dans l’histoire, l’exil a toujours été un catalyseur, car la perte induit la recherche, laquelle pousse l’homme à agir et à se réaliser. » Professeure d’histoire des idées et des arts à la Faculté des sciences de l’éducation de Rabat, elle a invité cinq artistes de différentes générations, nationalités et sensibilités à réfléchir à la question via des photos, des vidéos, des installations ou des aquarelles. L’Allemande Ulrike Weiss s’intéresse aux femmes juives du Maroc et à la perte d’un savoir-faire artisanal avec leur départ, tout en faisant un lien avec les réfugiés en Allemagne. Myriam Tangi, née à Paris, interroge la notion de place et d’entre-deux, ce qui sépare et relie. L’architecte Zineb Andress Arraki réfléchit à l’appropriation d’un espace de vie et de travail, la reconstitution d’un chez-soi ailleurs. Mustapha Akrim, lui, part des cadres des photos qu’on emporte et des clefs qu’on se transmet de génération en génération dans l’espoir d’un retour, pour évoquer la mémoire des exilés et son lien avec la mémoire collective. Enfin, en évoquant la maison transportée, l’artiste espagnol Josep Ginestar rend hommage aux Mauresques. Si l’exposition est le cœur du projet, celui-ci fait aussi place au débat, avec une conférence et un colloque, « Maroc terre d’exils », où militants, artistes, écrivains, comme Abdelfattah Kilito ou Juan Goytisolo, discuteront de l’exil dans l’actualité, l’histoire ou les légendes, de l’exil intérieur, des questions de filiation, d’identité, de transmission… Pour Nadia Sabri, soucieuse du lien entre réflexion et action pragmatique, « l’exil interpelle l’artiste sur le sens de son action », notamment dans un Maroc qui est fier de produire « une certaine image de l’hospitalité » et qui est aujourd’hui interpellé dans sa diversité par l’accueil de populations subsahariennes et syriennes. Un projet pour prendre position…

Exposition à la Galerie Bab Rouah, Rabat, du 22 mars au 15 mai 2016
Conférence avec les artistes à l’Institut français de Casablanca le 23 mars à 19h30
Colloque « Maroc terre d’exils » à la Bibliothèque nationale du royaume du Maroc le 24 mars
Jusqu’en 2017 : présentation de parties de l’exposition à l’Institut français d’El Jadida, au Musée du Judaïsme de Casablanca, à l’Institut Cervantes de Casablanca et dans le cadre du Festival du migrant organisé par le GADEM à Rabat.

 

par Kenza Sefrioui

Mustapha Akrim, Maintenant, 2016, en exil… Oui, à la maison, béton et dessin dimension variable
Mustapha Akrim, Maintenant, 2016, en exil… Oui, à la maison, béton et dessin dimension variable
Zineb Andress Arraki, Restless in rest, 2016, série de 7 photos
Zineb Andress Arraki, Restless in rest, 2016, série de 7 photos
© Seydou Keïta
© Seydou Keïta
© Seydou Keïta
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seisme maroc

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