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MAJIDA KHATTARI A L’ATELIER 21

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L’esthétisme est-il soluble dans la revendication ?

 

Avec « Luxe, désordre et volupté » Majida Khattari détourne le refrain baudelairien de « L’invitation au Voyage » pour dénoncer les dérives des chutes de régimes dictatoriaux dans le monde arabe. Pour sa seconde exposition personnelle à l’Atelier 21, elle poursuit les concepts mis en place dans « Orientalismes », auxquels elle additionne une réflexion sur l’actualité politique. Un mélange des genres sur le fil.

 

L’artiste convoque à nouveau la tradition de la peinture occidentale, non plus seulement orientaliste mais aussi romantique, dans une esthétique toute 19e siècle. Elle en retire de nouvelles interprétations photographiques, à grand renfort d’étoffes et de chatoiement, matinées de shooting mode contemporain. Rappelons qu’elle s’est fait connaître par ses « défilés-performances » en 1996 à l’école des Beaux-arts de Paris où elle a étudié. Ses « vêtements-sculptures » questionnaient avec justesse et second degré les récentes polémiques sur le voile, dénonçaient l’usage matériel et politique du corps féminin, aussi bien en Orient qu’en Occident. Au moment des premières femmes kamikazes, ses modèles photographiques portaient un sac-grenade comme la plus féministe des menaces.

 

Ici les revendications demeurent, mais les moyens employés sont tout autres. Poursuivant la démarche adoptée précédemment, ce regard par-dessus l’épaule cherche à trouver les fondements de la crise dans les tréfonds de l’Orientalisme : dans ce regard occidental perverti sur la femme arabe, cette illusion, ce malentendu, qui se dessine aujourd’hui sous d’autres contours. Majida Khattari recrée ce doux rêve pour en dénoncer le goût amer. Le titre emprunté aux Fleurs du Mal, et qui inspira Matisse en son temps, propose une autre piste : les phases successives d’euphorie, d’abandon et de décadence des révolutions arabes. La controverse peine à transparaître dans ces tableaux dérangés avec soin. La femme arabe reste absente, étouffée sous les dentelles et les références politiques, perdues sous le drapé des étoffes…

 

Marie Moignard

 

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Majida Khattari

« Luxe, désordre et volupté »

L’Atelier 21

Casablanca

Jusqu'au 29 mars 2013

"Tornade", tirage argentique contre-collé sur aluminium, 120 x 180 cm, 2012-2013. Courtesy de l'Atelier21
"Tornade", tirage argentique contre-collé sur aluminium, 120 x 180 cm, 2012-2013. Courtesy de l'Atelier21
Malick Sidibé, Friends, 1976 © 2016 Malick Sidibé
Malick Sidibé, Friends, 1976 © 2016 Malick Sidibé
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