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[Marché de l’art] Comment acheter un Zanele Muholi ?

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À 48 ans, l’artiste sud-africaine Zanele Muholi multiplie les honneurs, les conférences et les expositions. Ses clichés noirs et blancs sont d’autant plus recherchés que la Tate Modern s’apprête à lui consacrer une grande rétrospective.

Reconnue aux quatre coins du monde, des Rencontres d’Arles, en passant par la Documenta 13 en Allemagne, aux Biennales de Berlin, de São Paulo, de Venise, à la Fondation Louis Vuitton en 2017, et à la Tate Modern dès le mois de novembre, Zanele Muholi affiche un curriculum vitae exceptionnel, ponctué de prix aussi prestigieux que le titre de Chevalier des arts et des lettres (2017), le prix Lucie (2019) et, dernièrement, le prix Spectrum (2020) pour ses images qui revendiquent « une force et une beauté rarement rencontrées dans la photographie contemporaine ».

Pour Zanele Muholi, « la photographie, ce n’est pas un luxe, mais de l’activisme visuel. » Muholi est donc militante autant que photographe. Militante sur les questions de genre, de sexualité et de couleur de peau. On connait ses portraits saisissants de lesbiennes noires contre les « viols correctifs » dont les femmes sont régulièrement victimes en Afrique du Sud, bien que la Constitution stipule que nul ne saurait être persécuté pour ses orientations sexuelles et que le mariage gay y soit légalisé depuis 2006.

Zanele Muholi, Bester I, Mayotte, 2015; de Zanele Muholi : Somnyama Ngonyama, Louée soit la lionne noire (Aperture, 2018)

2006, c’est justement l’année où Zanele Muholi commence l’une de ses deux séries les plus recherchées : Faces and Phases Follow up, soit trois cents portraits de femmes photographiées à différentes époques de leur vie. « Je cherche à établir une relation fondée sur une compréhension mutuelle de ce que signifie être femme, lesbienne et noire aujourd’hui », explique l’artiste. Mais une autre série, plus récente, emporte un immense succès commercial. Commencée en 2014 sous le titre Somnyama ngonyama, signifiant Louée soit la lionne noire en zoulou, cette dernière série a déjà fait le tour du monde. La photographe est devant et derrière l’objectif, regard perçant, affublée de divers accessoires : gants chirurgicaux gonflés à l’hélium, voile de dentelle, corde autour du cou, etc. « Le but est d’en faire 365, autant qu’il y a de jours dans une année. Parce que chaque jour est une épreuve, demain n’est pas fait de la même essence qu’hier », confie l’artiste.

Magnétiques, ses portraits et ses autoportraits en noir et blanc par éditions de huit cotent entre 5 000$ et 30 000$ selon les tirages. Moins rares, des éditions sur 50 seront un peu moins chères, autour de 2000-3000$, mais les prix évoluent vite. Des épreuves récemment mises à l’encan ont eu tendance à dépasser leurs estimations, même pour des clichés édités sur 100 exemplaires. De Johannesburg à Paris, de Londres à New York, l’engouement commence à se faire sentir dans les salles de ventes. Le second marché a beau être de plus en plus nourri, le choix des œuvres demeure restreint. Les premiers vendeurs de l’œuvre restent les trois grandes galeries de référence de Zanele Muholi : Stevenson au Cap et à Johannesburg, Yancey Richardson à New York, et la Galerie Wentrup à Berlin, qui lui assurent un relai international.

Céline Moine, d’ArtMarket.com

Zanele Muholi, Faces and Phases, 2007–2013
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