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[Portfolio] Prince Gyasi règne sur la couleur

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Derrière les clichés ultra-saturés de l’artiste ghanéen Prince Gyasi, se cache la réalité du quotidien de son pays, et sa volonté de la transcender. Il sera représenté par Nil Gallery à Londres en octobre, pendant la foire 1-54. 

À tout juste 25 ans, Prince Gyasi s’impose déjà comme l’un des artistes africains les plus en vue du moment. Armé de son iPhone, entre photographie documentaire et composition minimaliste, l’artiste ghanéen fait le portrait vibrant des communautés marginalisées d’Accra.

Sans appartenir à aucun mouvement, on reconnaît pourtant chez lui quelque chose de cette « nouvelle avant-garde noire », conceptualisée par le critique d’art américain Antwaun Sargent pour désigner ces artistes millenials qui se sont essentiellement fait connaître sur Instagram. Leur esthétique est tranchée, leur approche non conventionnelle et leur goût pour les couleurs franches et la pop culture permet de détourner les codes occidentaux pour mieux valoriser le modèle noir.

The Last One Photography, 2020 Edition of 10 + 4 AP Courtesy of Nil Gallery

Pour Gyasi, il s’agit de montrer l’Afrique sous un angle différent. Si ses sujets témoignent de la dureté de la vie d’une communauté dont la survie dépend de la pêche, ils sont aussi et surtout vecteur de résilience. Les corps sont courbés, lestés, parfois même restreints, mais les ports de tête toujours fiers. Le photographe qui use délibérément de couleurs saturées et d’aplats monochromes, associe dans une logique synesthésique, une couleur à un mot ou une émotion. Dans son célèbre cliché « Fatherhood », le rouge symbolise le sacrifice consenti par la figure paternelle, le bleu, l’espoir porté par l’enfant. Gyasi ne cherche pas à farder la réalité, mais refuse radicalement de verser dans le misérabilisme.

Responsibility II Photography, 2019 Edition of 10 + 4 AP Courtesy of Nil Gallery

Si la phonéographie ne date pas d’aujourd’hui, l’artiste ghanéen – tout comme ses contemporains Malick Kebe et Aldi Diasse – utilise le smartphone comme on lance un défi au monde de l’art. Contre son élitisme. Gyasi fait pourtant un carton dans les foires internationales et a récemment collaboré avec Apple.

La technologie, en plus de représenter une forme de liberté pour l’artiste, s’impose comme l’explique le site d’information Vox, comme « l’égaliseur ultime ». Elle permet de photographier toute la diversité et toutes les nuances des peaux noires, là où jusque dans les années 1990, les pellicules photos étaient conçues selon des standards blancs. C’est ainsi que Prince Gyasi trouve aussi le moyen de raconter une autre histoire de l’Afrique.

Chama Tahiri

Humility Photography, 2019 Edition of 10 + 4 AP Courtesy of Nil Gallery
Energy is contagious III, Photography, 2019 Edition of 10 + 4 AP Courtesy of Nil Gallery
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