« Le marché m’a rattrapée »
Il lui faudra attendre que son mari parte s’installer en Côte d’Ivoire en raison de son activité professionnelle, pour que l’idée lui vienne de créer une galerie d’art contemporain. « Une galerie d’art en Afrique, pas une gale- rie d’art africain », tient-elle à préciser. La distinction ne relève pas chez elle de la coquetterie mais repose sur une intuition forte : l’art contemporain africain est le fruit des impératifs ou des injonctions d’un marché dont elle connaît tous les rouages. La réalité finira pourtant par la rattraper. À peine fonde-t-elle sa galerie à Abidjan en septembre 2012, portée dit-elle « par le désir des artistes » avec lesquels elle continue d’entretenir des rapports de confiance et de fidélité jamais démentis, que Touria El Glaoui lui propose de participer à la première édition de la 1-54 londonienne.
Dès lors, les foires s’enchaînent à une vitesse vertigineuse : de Londres à Marrakech, en passant par New York ou Lagos, jusqu’à sa première participation à la FIAC parisienne, en octobre 2019. Elle sait qu’elle est aujourd’hui étiquetée comme une galerie exposant de l’art africain, mais elle mesure combien il est impossible de négliger la demande du marché international, qui lui permet de réaliser 80% de son chiffre d’affaires lors des foires – contre 20% de ventes en galerie. « C’est le marché qui m’a rattrapée », confie-t-elle, observant que le marché local ne cesse de se développer. A-t-elle rencontré des obstacles ? Sans doute, mais elle ne s’appesantit pas dessus.