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Siriki Ky : « Les jeunes délaissent la sculpture faute de débouchés »

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Siriki Ky est l’une des figures tutélaires de la sculpture contemporaine au Burkina Faso. Président d’honneur de la première édition de BISO, le sculpteur s’alarme de la disparition des vocations pour un médium qui est pourtant « au cœur de l’art africain ».

Pourquoi est-ce important de soutenir la sculpture, aujourd’hui, au Burkina Faso ?

C’est très important, non seulement au Burkina Faso mais partout en Afrique, parce que nous voyons de plus en plus de jeunes formés à la sculpture qui la délaissent, faute de débouchés, et s’orientent vers la peinture, qui se vend mieux dit-on, et se transporte plus facilement d’une exposition à une autre. La tendance se confirme d’ailleurs au niveau des galeries, qui exposent plus de peinture que de sculpture contemporaine. L’Afrique est pourtant le continent de la sculpture par excellence, à travers ses masques et ses statuettes, même si ce sont à l’origine des objets de rite et que ceux qui les ont réalisés n’étaient pas des artistes.

 

Il y a d’ailleurs une véritable tradition du bronze au Burkina…

Il y a beaucoup d’artisans qui le travaillent, mais peu de créateurs. Et ceux-là se laissent décourager par manque de soutien ou de formation. Nous n’avons pas d’école des Beaux-Arts à Ouagadougou. Moi par exemple, je me suis formé à Abidjan puis en Italie. Alors bien sûr, il y a les ateliers dans lesquels les jeunes artistes se forment auprès de maîtres, mais il n’y a pas de discours et d’enseignement global qui puissent motiver ces jeunes.

 

Faire une biennale de la sculpture à Ouagadougou est symbolique puisqu’il y a deux ans, le président français Emmanuel Macron évoquait ici la question de la restitution des œuvres d’art africaines. Que pensez-vous de ce débat qui secoue la sphère intellectuelle du continent ?

Quand on parle de restitution, on parle de se réapproprier les œuvres de notre passé. BISO s’inscrit dans cette lignée, me semble-t-il. Plusieurs propositions, comme celles de Thiémoko Diarra, Dimitri Fagbohoun ou Issiaka Savadogo, s’inspirent et mettent en scène des statues anciennes pour interpeller le public. Si on envisage de restituer ce patrimoine à sa communauté d’origine, cela fait sens pour moi. Que les statuettes Lobi soient envoyées en pays Lobi (territoire entre le sud-ouest du Burkina Faso, le nord de la Côte d’Ivoire et l’ouest du Ghana, ndlr) pour être, pourquoi pas, « resacralisées », c’est très bien. Mais si c’est pour les conserver dans nos capitales et dans nos musées, qui ont par ailleurs des moyens dérisoires, je ne suis pas d’accord. Qu’elles reviennent, mais qu’elles reviennent à la source.

propos recueillis par Emmanuelle Outtier

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