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Ted Joans, icône méconnue du Surréalisme

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Il y a 50 ans, Ted Joans préconisait déjà la restitution des oeuvres d’art africaines. 1-54 FORUM, mené par la curatrice Karima Boudou, rendait hommage à ce personnage avant-gardiste, figure oubliée du surréalisme.

Vous faites du poète Ted Joans la pierre angulaire de votre programme 1-54 FORUM. Qui était-il ?

Karima Boudou : Ted Joans (1928-2003) est un surréaliste afro-américain, peintre, poète et musicien de jazz. S’il est souvent considéré comme l’une des figures majeures du mouvement surréaliste des dernières décennies, Joans était en réalité à l’intersection de plusieurs courants avant-gardistes. Il est non seulement l’un des rares Afro-Américains à avoir participé à la Beat Generation, mais aussi pour certains l’un des précurseurs du mouvement américain spoken word, qui ouvrira la voie au slam. Son parcours, qui déborde les chronologies et les cadres, permet d’appréhender l’histoire du surréalisme dans une perspective africaine et africaine-américaine.

Son oeuvre contribue-t-elle encore à éclairer les débats sur l’Afrique ?

KB: Ses écrits restent d’une pertinence et d’une vivacité incroyables. Il suffit de penser au discours virulent qu’il a tenu en 1969, lors du Pan-African Festival à Alger, sur la nécessaire restitution des objets et artefacts africains conservés par les musées européens. C’était il y a 50 ans… Il y avait aussi déclamé son poème We have come back lors d’une improvisation collective aux côtés du saxophoniste Archie Shepp. « Nous sommes revenus. Nous sommes les Noirs américains, les Afro-Américains, les Africains des États-Unis. Mais par-dessus tout, nous sommes Africains. » We have come back renvoie à la nécessité d’une prise de pouvoir intellectuel, qui trouve aujourd’hui une résonance dans la renaissance culturelle afro-diasporique et dans le tournant mondial que prend la création africaine contemporaine.

Pourquoi est-ce pertinent d’évoquer ce poète afro-américain aujourd’hui à Marrakech?

KB: Joans a vécu dès les années 1960 des moments importants de sa vie au Maroc, sillonnant les routes de Tiznit à Marrakech, jusqu’à Tanger, place forte de la Beat Generation. Mais ce qui me semble important, c’est qu’au delà de la figure de Ted Joans, nous interrogions par exemple le soutien du mouvement surréaliste aux Rifains pendant la Guerre du Rif (1920-1926), pour parler de ces histoires, les relire, les comprendre collectivement et les partager par le biais d’un matériel historique et artistique. De manière générale, cette édition de 1-54 FORUM interroge la portée du surréalisme en Afrique et au sein de ses diasporas. L’artiste et chercheur égyptien Alaa Abdelhamid abordera l’histoire du mouvement dans les années 1930-1940 en Égypte, tandis que l’historienne de l’art Vanina Géré reviendra sur l’afro-surréalisme à travers l’oeuvre de Kara Walker. Walker confronte les notions de race, genre et violence. Pour la première fois au Maroc, sera présenté son film 8 Possible Beginnings, or: The Making of African-America (2005).

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