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[Work in progress] L’utopie d’après Sara Ouhaddou

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Sara Ouhaddou poursuit son travail de verrerie dont certaines pièces sont actuellement présentées au Palais de Tokyo à Paris.

Alors que l’exposition collective Notre monde brûle curatée par Abdellah Karroum au Palais de Tokyo était à l’arrêt, Sara Ouhaddou s’est retrouvée de son côté confinée à Marrakech. Elle était venue y poursuivre ses recherches collaboratives avec les artisans de la région afin de prolonger l’œuvre exposée à Paris. Intitulée Deux astres, au déséquilibre, se brûlent, cette pièce est composée de deux vitraux monumentaux et circulaires.

Après les tisserands, l’artiste travaille aujourd’hui à une nouvelle œuvre intitulée Al Kalimat avec des verriers qui perpétuent un art arabo-musulman d’une rare virtuosité, mais en voie de perdition. « J’ai pu retracer, nous confie-t-elle, le chemin de ce savoir, trouver l’origine du verre irakien qui fait partie intégrante de l’architecture des médinas ». Ce verre – le plus souvent rouge, vert ou bleu – est reconnaissable à son aspérité et à son teint très foncé. Remplacé par le verre mauresque et désormais par un verre de seconde main pâle et lisse, il témoigne d’un passé fastueux qui la fascine.

©Sara Ouhaddou

L’urgence pour elle a été de pérenniser cette collaboration qu’elle mène depuis une dizaine d’années : « Il s’est agi de ne pas arrêter les projets pour que les artisans ne s’arrêtent pas ». La cessation contrainte d’activités de deux d’entre eux constitue son plus grand regret. Comme pour la pièce présentée à Paris, cette seconde œuvre combine travail sur verre et expérimentation d’un alphabet personnel inspiré de l’amazigh dont l’artiste revendique l’abstraction géométrique.

Rappelant qu’au Maroc plusieurs langues ou dialectes peuvent coexister sur un même territoire, elle se dit surtout « nostalgique de cette compréhension de la diversité qu’on a pu avoir à un moment et qui s’est perdue ». Tiraillée entre le désir utopique d’expérimenter de nouvelles formes et la nostalgie de matériaux en voie de disparition, Sara Ouhaddou semble se demander quelle utopie pourra naître des cendres d’un monde qui continue de brûler à grande vitesse sous nos yeux. Quand tout disparaît, ne reste-t-il pas que l’art et le savoir-faire ?

Olivier Rachet

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