Le photographe franco-tunisien est un éternel voyageur, de ceux qui ne toucheront jamais à leur but : toujours exilé dans son pays d’origine, tout comme l’anthropologue est en perpétuel retrait de sa propre espèce. Et c’est heureux, car l’objectif de son appareil photo s’en nourrit. Réactivant les réminiscences de son premier voyage dans son pays natal en 1977, Jellel Gasteli fait revivre la grandeur monumentale de ce territoire : les bottes de foin de la campagne de Jerissa ont autant de prestance que le mausolée de Haïdra, les palmiers de Tataouine sont toujours là, comme l’amphithéâtre romain d’El Jem. Les humains, anecdotiques, ne font que se fondre dans cette nature qui se confond avec la civilisation, comme les corps enfouis dans la brume des sources chaudes de Korbous.
Marie Moignard