Le MuPho de Saint-Louis a inauguré en juin sa saison annuelle « Timeless, rêveries d’Hier, Songes du Présent, promesses des Lendemains » réunissant les pionniers de la photographie et la nouvelle garde. Une saison nourrie par une réflexion collective sur l’émergence de nouveaux modèles pour la photographie africaine.
« L’une de mes ambitions personnelles est de contribuer à la sauvegarde de l’île de Saint-Louis. » Lorsqu’il inaugurait en 2017 son musée de la photographie, l’objectif du collectionneur Amadou Diaw était double : faire de sa ville natale un carrefour pour la photo africaine – et peut-être même une alternative crédible à la toute-puissance de Bamako, capitale incontestée des arts photographiques –, mais aussi imposer cette photographie ancienne sénégalaise qui pâtit encore d’un manque de reconnaissance sur la scène internationale. Depuis six ans, le projet du MuPho s’est considérablement développé : initialement installé dans une maison traditionnelle en plein coeur de la ville historique, il s’est métamorphosé en un archipel de neuf musées, formant un parcours où déambuler à la découverte du patrimoine architectural de Saint-Louis.
Aujourd’hui, le collectionneur va plus loin : il a initié, en mai, un mois de la photographie pensé non pas comme un temps de monstration des œuvres de sa collection stricto sensu, mais comme un laboratoire d’idées. Diaw y a convié divers spécialistes et personnalités internationales pour concevoir, dans un élan collectif, la saison 2023-2024 du MuPho. Le concept est habile et permet ainsi, à la manière des Ateliers de la pensée à Dakar, de positionner Saint-Louis comme un lieu où penser de nouveaux modèles pour la photographie dans une perspective spécifiquement africaine.
Intitulée « Timeless, rêveries d’Hier, Songes du Présent, promesses des Lendemains », cette saison met en miroir les pionniers de la photographie – Mama Casset, Oumar Ly – et une nouvelle génération d’artistes comme Alun Be, Omar Victor Diop ou Malick Welli. Cette saison fait aussi une large part à la création féminine avec les oeuvres exigeantes de Laeila Adjovi, Joana Choumali, Aida Muluneh ou Amina Benbouchta. À terme, Amadou Diaw entend transformer le MuPho en un pôle propice à l’émergence d’une mouvance artistique, dans la grande tradition des avant-gardes. « Comme il y a eu une école de Dakar en peinture, nous voulons qu’il y ait une école de Saint-Louis en photographie. »
Emmanuelle Outtier
Contemporary art from Africa and the Arab world Since 2009, published in Casablanca
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