Ahmad Karmouni capture le potentiel esthétique du sel

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« Ayant grandi dans le blanc des marais, le sel est rapidement devenu l’objet de toute ma curiosité. Cet ingrédient si discret lorsqu’il est en pincée peut se révéler grandiose lorsqu’on l’empile et qu’il papillonne avec les montagnes. Il sait se transformer et donne naissance à des créations artistiques éternellement renouvelées. J’aborde le sel sous un angle contemplatif. Je l’observe et j’interagis avec sa résistance comme avec sa fragilité, tout en lui laissant le temps d’interagir et de dialoguer avec d’autres matières (cuivre, chaux, pierre…). De ces réflexions plastiques sont nés plusieurs projets : Fawqa Lmilh, Fleur de Sel ou encore Lambout. Lambout est le résultat de plusieurs mois de récolte durant ma période de résidence à la Fondation Fiminco, et même après. À défaut de pouvoir récolter du sel de mer, j’ai dû le puiser dans une autre source génératrice : les larmes humaines.

Cette collecte sensible m’a fait découvrir la dimension intime de ce minéral. Ce projet est né de l’envie de travailler sur l’émotion et ses expressions : purificatrices, cathartiques et vulnérables. C’est une recherche qui vise à capturer les instants éphémères d’émotion, via un dispositif immersif et participatif mêlant son, performance et installation. Signifiant “entonnoir” dans le nord du Maroc, Lambout fait également référence au lacrymatoire romano-grec. Encore une autre façon pour moi de m’intéresser au sel, à ses symboles, ses multiples dimensions et fluctuations. »

Propos recueillis par Achraf Remok