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Rufai Zakari perce discrètement aux enchères

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Reconstruire avec ce qui est perdu, tel est le credo de cet artiste ghanéen qui transforme les déchets en œuvres luxuriantes.

À 30 ans, Rufai Zakari a déjà exposé à Londres, Palm Beach, Berlin, New York, Boston, Chicago et à Accra, sa ville de naissance. Il est aujourd’hui défendu par la galerie The Breeder (Athènes), qui a présenté son travail pendant l’Armory Show à New York l’année dernière, et par Kristin Hjellegjerde, une importante galerie présente à Londres et à Berlin, qui a déjà programmé une exposition solo de l’artiste en octobre 2023 au sein de son antenne londonienne. Ses œuvres ont intégré par ailleurs des collections privées décisives, dont celle du collectionneur américain Arthur Lewis Collection, où elles côtoient les toiles d’Amy Sherald, Kerry James Marshall et Amoako Boafo.

Si les œuvres de Rufai Zakari ont déjà conquis le cœur de plusieurs acteurs culturels internationaux, elles sont en train de percer discrètement sur le marché de l’art. Bien que l’on recense seulement deux adjudications à l’heure actuelle – pour Zakaiya II (2020) et Waiting Room I (2021), vendues autour de 14 000 $ chacune –, ces deux ventes étaient orchestrées par l’influente société Phillips, à Londres en 2021 et à New York en mars 2023. Les collectionneurs d’art contemporain internationaux se familiarisent donc en ce moment même avec un travail qui devrait susciter un intérêt grandissant, à l’aune de ses qualités picturales mais aussi des problématiques et des engagements dont il relève.

Enfant, Rufai Zakari et ses amis parcouraient les rues de Bawku, au Ghana, et récupéraient les sacs en plastique et les emballages alimentaires pour en faire des jouets et des sculptures. Des années plus tard, la collecte de déchets est restée au cœur de la pratique de Zakari, qui les utilise pour réaliser des assemblages imitant la peinture. En résultent des œuvres aux contrastes luxuriants, représentant des personnages remarquables par la puissance des motifs et des couleurs qui les composent.

Au début, Zakari ne travaillait qu’en famille, avec l’aide de sa femme et de ses parents pour laver, couper et sécher des centaines de morceaux de plastiques avant de les passer sous une presse à chaud. Mais le succès qu’il rencontre désormais lui permet d’embaucher une équipe issue de sa communauté locale à Bawku, qui prend en charge chaque étape du processus. Le fait d’impliquer activement les communautés locales est un point fondamental pour Zakari, car le travail créatif sous sa forme collective implique l’échange autour des problématiques actuelles et universelles dont traitent ces œuvres, tels que le changement climatique, le consumérisme, l’industrialisation et la place encore minée des femmes dans la société ghanéenne.

Il ne s’agit pas seulement de créer, mais aussi de sensibiliser et d’inspirer toute une communauté pour transformer concrètement la société. Porté par son optimisme et l’ambition de reconstruire ce qui a été perdu, Zakari est aussi un activiste environnemental, directeur créatif de deux ONG impliquées dans le nettoyage des plages et proposant des ateliers éducatifs aux écoles, aux institutions religieuses et à d’autres communautés sur la gestion des déchets et le changement climatique.

Par Céline Moine, Artmarket by Artprice.com

Rufai Zakari, Zakaiya II, 2020, plastique cousu, 133 x 104 cm. © Phillips Vendu 10 710 $
Rufai Zakari, Waiting room I, 2021, sacs plastiques et emballages alimentaires cousus sur coton, 243,8 x 254,3 cm. © Phillips Vendu 13 970 $

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