[Marché de l’art] Comment acheter un Jordan Casteel ?

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Classée parmi les artistes les plus influents de moins de 30 ans par Forbes en 2017, Jordan Casteel fait aujourd’hui partie des grandes figures électrisantes de la nouvelle peinture afro-américaine.

Débarquer dans les salles de vente à 30 ans et dépasser le prix de certains artistes contemporains établis n’est plus un phénomène isolé. C’est même la tendance du marché des enchères, qui a vu en 2020 plusieurs trentenaires vendre leurs œuvres à plus de 500 000 $. Parmi eux, l’Américaine Jordan Casteel a connu une ascension fulgurante depuis son premier solo show chez Sargent’s Daughters à New York, en 2014. Fraîche émoulue de Yale, elle n’a alors que 25 ans. En 2017, l’influent critique d’art Jerry Saltz (New York Magazine) salue « sa profonde empathie pour la vie intérieure et la conscience de ses sujets » et la déclare « prête à prendre la place qui lui revient dans les premières lignes de la peinture contemporaine ». Quelques mois plus tard, le magazine Forbes la désigne parmi les artistes les plus influents de moins de 30 ans (« 30 under 30 »).

Jordan Casteel, Mom, 2013, huile sur toile, 121,9 x 91,4cm © Christie’s

Jordan Casteel peint avec empathie et amour ses amis, amants, membres de sa famille, voisins de son quartier de Harlem. Elle les photographie en détail, accumulant parfois plus de 200 images avant de travailler ses compositions, fusionnant des éléments issus de plusieurs plans.

Son audace picturale est arrivée sur la scène américaine au meilleur moment, en plein renouveau du portrait figuratif lié à l’identité noire, grâce aux portraits officiels du couple Obama réalisés par Kehinde Wiley et Amy Sherald en 2018. C’est justement l’année où, à l’aube de ses 30 ans, Jordan Casteel entre dans des collections muséales (Crystal Bridges Museum of American Art de Bentonville et MoCA Los Angeles) et fait sa première apparition aux enchères. Par la grande porte, puisque Sotheby’s se charge de cette mise à l’encan avec une toile tout juste achevée offrant un cadrage serré sur les mains d’un lecteur plongé dans Lost tribes and promised lands de Ronald Sanders, un ouvrage étayé sur les origines du racisme américain. Lost Tribes (2018) quadruple alors sa meilleure estimation pour se vendre 81 250 $.

Jordan Casteel, Patrick and Omari, 2015, huile sur toile, 182,6 x 142,5 cm © Christie’s

En mars 2019, Christie’s vend Patrick and Omari (2015) pour 394 000 $, soit cinq fois l’estimation haute, lors de sa vente d’art contemporain de prestige. L’année suivante, une autre toile est propulsée au prix de 668 000$ (Mom, Christie’s Londres, 12 février 2020). Représentée par la galerie Casey Kaplan à New York, Jordan Casteel est aussi sous contrat avec Massimo de Carlo depuis le début de l’année 2021. Le galeriste a commencé à familiariser les collectionneurs italiens à son travail lors d’une exposition milanaise en avril. Bientôt, il pourra faire découvrir ses œuvres dans ses galeries de Londres, Hong Kong ou Paris, continuant ainsi de faire croître la notoriété de cette jeune prodige.

Céline Moine, Artmarket.com