Taper pour chercher

DABAPHOTO 7 : la complexité du monde vue par les photographes marocains

Partager

L’espace de rencontre et d’exposition DaDa aux abords de la place Jamaa El Fna accueille jusqu’au 30 septembre la 7e édition de Dabaphoto, un rendez-vous incontournable pour les amateurs de la photo à Marrakech.

Initié par LE 18, le festival Dabaphoto se distingue depuis ses débuts par un goût assumé pour l’expérimentation scénographique et l’échange entre les pratiques et les regards d’ici et d’ailleurs. Sous le commissariat de Laila Hida et d’Anbar El Mokri, l’exposition collective de photographie et de pièces audiovisuelles, « CORAM TE », réunit cette année dix artistes marocains ou issus de la diaspora. Plutôt qu’un thème unique, cette exposition propose un fil conducteur autour de l’élargissement des modèles d’expression visuelle et d’une extension de l’imaginaire d’une « marocanité fragmentée, complexe et en construction », écrit Laila Hida dans son texte curatorial.

Cette édition de Dabaphoto cherche donc à dépasser les tirages bidimensionnels accrochés aux murs. Elle tente, dans les espaces de DaDa, des alternatives de présentation autant au niveau des supports – avec l’utilisation des bâches ou des socles à même le sol – qu’au niveau des formats. On pense ici aux installations immersives. Et dans un souci caractéristique de tisser des liens avec des structures émergentes, LE 18 s’associe avec le tout jeune festival de musique électro « Some of Us » pour célébrer créations digitales et images d’animation.

ALI MADANI AKA RWINA LIFE

La complexité du monde

Entre continuité et rupture avec les éditions précédentes, ce 7e opus présente le travail d’artistes consacrés et de jeunes photographes moins connus. Toutefois, aucune hiérarchie ne se dégage en parcourant les salles. Seules les contraintes techniques attribuent des espaces exclusifs. Il en est ainsi pour la vidéo Bliss de Muhcine Ennou, montrant une terrasse onirique au bord du désert, qui exige un écran semi-circulaire. Ou de la vidéo Guided Tour of a Spill de Meriem Bennani, deuxième volet plein d’humour de la trilogie intitulée Life on CAPS, qui s’apprécie dans une salle séparée pour profiter pleinement de la bande-son.

Dans cet ensemble hétéroclite, certaines propositions brillent par un classicisme assumé. On pense aux portraits de la série Yelli de Louisa Ben, ou encore aux clichés de la série Hess L’Bled de Jinane Ennasri. Deux artistes partagent un goût pour la construction de micro-récits aux tonalités cinématographiques : Hind Moumou avec sa série The City of Morrow et Inès Bouallou avec ses séries Closure et Rencontre. Le rapport étroit de la photographie avec l’espace urbain est naturellement présent dans cette sélection, et on peut redécouvrir les poèmes visuels d’Ali El Madani, aka Rwina Life, dédiés à Casablanca (série Casa Days) et les prises de vue de Rida Tabit à Marrakech. Sa série Shadow Self a été habilement mise en espace par la scénographie d’Aliocha Tazi, qui souligne la tension des instants capturés.

‍MUHCINE ENNOU

Des images qui réparent une déchirure

Les photographes Ismail Zaidy et Fatimazohra Serri montrent pour la première fois une vidéo commune, Harmonizing Emotions, qui articule leurs esthétiques assez similaires. Enfin, le photographe Karim El Maktafi, résidant à Milan, y expose une partie de sa belle série Ghorba qui évoque avec pudeur et délicatesse la situation des migrants marocains en Italie. Il propose également une sorte de cahier de retour au pays natal avec Hayati.

Lors du vernissage, il nous confiait son émotion de voir cette dernière série montrée pour la première fois au Maroc, comme si la circulation des images pouvait, tôt ou tard, relier et réparer une déchirure. À noter qu’elle a été réalisée en partie en Italie, ce qui contribue à penser la complexité d’un monde pluriel et hybride où la pureté n’est pas la fermeture, mais l’ouverture, en acceptant l’autre en nous. Le titre de l’exposition « CORAM TE » signifie          « face à toi » en latin, et peut se lire à l’envers « et Maroc ». Dans le mouvement d’aller et retour, entre le près et le lointain, le Maroc pour ces artistes réveille un flux d’émotions que la photographie aspire à saisir ou, simplement, à affronter.

Juan Palao

DADA MARRAKECH, 2 Place Jamaa El Fna
Horaires d’ouverture : LUN – DIM — 10:00 – 18:00

1 Commentaire

  1. Thank you for your sharing. I am worried that I lack creative ideas. It is your article that makes me full of hope. Thank you. But, I have a question, can you help me?

    Répondre

Laisser un commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked *

x
seisme maroc

La rédaction de diptyk se joint aux nombreuses voix endolories pour présenter toutes ses condoléances aux familles des victimes du séisme qui a frappé notre pays.

Nos pensées les accompagnent dans cette terrible épreuve.

Comme tout geste compte, voici une sélection d'associations ou d'initiatives auxquelles vous pouvez apporter votre soutien :