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Dak’art jour 3: ENTRETIEN AVEC YOUNES BABA-ALI, LE LAURÉAT DU GRAND PRIX LÉOPOLD SEDAR SENGHOR DE L’EDITION 2012

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« Il y a une audace sincère dans cette biennale… »

 

Que vous a apporté le Grand Prix Leopold Sedar Senghor remporté à la dernière édition ? Qu'est ce que cela a changé pour vous ?

Plein de choses… Sur le moment c'était une belle surprise, on était dans une énergie de travail de dernière minute mais cela m'a beaucoup boosté, c'était un soutien énorme. Un jeune artiste a besoin de ce type de reconnaissance, c'est sa nourriture, surtout dans mon champs de travail qui utilise le son, la vidéo, c'était frais et c'est bien d'exister en tant qu'artiste avec ces médiums. C'est une valorisation, il y a eu un intérêt pour mon travail et cela m'a surtout beaucoup lié à la ville de Dakar avec laquelle j'ai une belle relation, notamment grâce à ma résidence à Vive Voix et le travail effectué avec Kër Thiossane…

Justement, votre présence à Dakar et plus particulièrement lors de votre residence à Vive Voix a-t-elle influencé votre travail ?

Cette résidence m'a permis de réfléchir à de nouveaux projets avec la ville de Dakar. J'ai fait quelques essais, je voulais travailler avec les lutteurs professionnels dans l'espace public, les mettre en situation, les faire lutter avec des objets du quotidien, contre une chaise en plastique, un téléphone portable… sous forme d'interventions dans la ville, des combats avec tout le rituel : préparation, bénédiction, grisgris… Ma démarche met au jour les relations de consumérisme avec les coutumes du pays. La lutte est vraiment le sport national ici, comme le football au Maroc. Cela révèle beaucoup de choses sur la relation au corps, la dimension spirituelle… C'est un projet en cours,  que j'aimerais travailler sous forme d'actions. J'ai également un projet sur le marchandage, la négociation où l'on retrouve une notion de survie puisque l'on négocie sa propre existence. Cela prendra la forme d'une performance où je me promenerai en acceptant toutes les propositions des marchands ambulants rencontrés sans négocier. J'accepterai tout d'emblée ! La forme finale du travail sera un témoignage vidéo ainsi qu'une accumulation de tous ces objets qui prendra la forme d'une sculpture sociale.

Quel est votre sentiment sur l'édition de cette année ?

Les commissaires ont fait un travail très important. J'apprécie beaucoup la démarche d'Abdelkader Damani que j'ai eu la chance de rencontrer lors de la dernière édition. Il y a une continuité dans l'engagement à défendre l'art contemporain africain tel qu'il est, ainsi que celui de la diaspora. Cette année il y a un équilibre dans le choix des artistes qui mélange artistes confirmés et plus jeunes. J'aime beaucoup le travail de Mehdi-Georges Lahlou par exemple, il y a de l'audace à montrer ce travail… J'avais moi même été surpris d'avoir été primé pour ma pièce Call for Prayer – Morse qui est un questionnement critique. Il y a une audace sincère dans cette biennale et l'on en a besoin. Il y a une grande qualité des choix curatoriaux qui promeuvent des travaux ancrés et non des « copier/coller » et il y a une belle confrontation entre l'art africain contemporain et son esthétique et un art plus conceptuel, influencé par les écoles européennes.

 

Syham Weigant, en direct de Dak'art pour DIPTYK et le Dak'art actu

 

http://www.biennaledakar.org/

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