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Actualité Edito

[EDITO #65] Est-ce le moment de l’art ?

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Au moment où le séisme a frappé notre pays en septembre dernier, notre rédaction se posait les nécessaires questions d’un microcosme. Dans le nôtre en l’occurrence, nous avions prévu de consacrer un dossier à la pratique de la critique d’art. Mais ce sujet, certes essentiel, n’était pas dans son moment. Nous avons dû revoir notre copie. Dans ce numéro de rentrée, nous avons voulu raconter le changement d’état, au sens physique du terme, comme un corps qui passe de solide à liquide, d’un groupe social pris par l’urgence d’un monde qui vacille.

Dans la sidération, de nombreux acteurs de l’art ont eu la même réaction et se sont demandé comment agir. Après le cortège d’annulations et reports d’événements, certains ont pris la route. Au pied des montagnes, en temps réel, avec les moyens du moment, ils ont échafaudé des scénarios de solidarité. Ateliers d’enfants, projections de plein air, ventes solidaires et aux enchères de tirages photo… les initiatives n’ont pas manqué, toutes marquées du sceau de la générosité que le monde entier a saluée. « On se demandait si c’était une bonne idée d’amener du divertissement dans un lieu encore marqué par le choc, décrit Nabil Qerjij qui a apporté un projecteur vidéo à Toulkine. Au bout de la première heure, beaucoup de gens se sont joints au public. On était tous ensemble, c’était magnifique. Ça m’a rappelé la vocation première du cinéma.»

Que nous disent de la sociologie de l’art au Maroc ces interventions d’artistes dans le Haut Atlas ? Dans les années 2010, la question de l’art dans l’espace public était le sujet de prédilection des biennales et des expositions collectives ; et on peut dire que des artistes comme Hassan Darsi ont fait prendre conscience de la nécessité pour l’art de prendre part au débat sociétal. Et il a montré comment le faire. Un jardin public à l’abandon ? C’était un sujet sérieux pour l’art. Un souk rural, des citoyens? Il installait son studio photo et constituait sa fameuse série des Portraits de famille.
Il faut croire que Darsi (on célébrait cet été les 25 ans de son espace La Source du Lion) a fait « école ». La génération 2020 a bien retenu la leçon et pris pleinement conscience que l’espace public pouvait se gagner et se conquérir sans autorisation ! Elle a intériorisé l’idée que tout fait art.
Dans la montagne marocaine, cet automne, c’est plus que jamais le moment de l’art.

Meryem Sebti

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seisme maroc

La rédaction de diptyk se joint aux nombreuses voix endolories pour présenter toutes ses condoléances aux familles des victimes du séisme qui a frappé notre pays.

Nos pensées les accompagnent dans cette terrible épreuve.

Comme tout geste compte, voici une sélection d'associations ou d'initiatives auxquelles vous pouvez apporter votre soutien :