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[ Edito ] L’histoire comme un fil rouge

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Revisiter l’histoire est plus que jamais d’actualité. En feuilletant ce numéro de fin d’année, j’y ai vu comme un fil rouge : ce désir de faire une pause et de considérer l’histoire comme un vaste terrain d’investigation.

Kenza Sefrioui nous livre un récit de l’aventure de la revue Souffles qui, dans les années 1960, militait pour la décolonisation des esprits. Mustapha Akrim montre ses reproductions en peinture de billets de banque marocains. Cette imagerie, en apparence simple et consensuelle, lui permet d’interroger la mémoire collective de notre pays. Mais il va plus loin. Outre les billets qui ont vraiment existé et qu’il reproduit fidèlement, une série s’ajoute, clandestinement : des billets inventés, rejoués, manipulés avec brio, où l’artiste réécrit l’histoire, en insérant dans le cadre idyllique tous les oubliés de cette imagerie dominante. Mineurs, campagnards, femmes laborieuses… ils réapparaissent dans la grande histoire sous le pinceau d’Akrim. Autre visite dans les archives de l’histoire, celle qu’inflige le photographe nigérian Uche Okpa-Iroha à Hollywood, cette fabrique d’images qui aussi fonde l’imaginaire collectif du XXe siècle. Dans sa série The Plantation Boy, présentée dans la rubrique portfolio, l’artiste réintroduit l’homme noir dans les scènes du film culte Le Parrain, où il n’apparaît jamais. En l’incrustant avec beaucoup de finesse technique, Iroha impose, par la présence, une absence que nous n’avions peut-être jamais perçue.


Point d’orgue magistral de ce numéro d’hiver, notre dossier examine, avec l’exposition monographique que le Musée Mohammed VI lui consacre, le parcours du grand sculpteur français César. L’exposition ne montrera rien ou presque de son séjour au Maroc dans les années 1960, durant lequel il laissa ici et là quelques compressions et œuvres monumentales comme la fontaine en céramique de la terrasse de Cabo Negro. Cependant, elle fait apparaître ces gestes magistraux, Compressions et Pouce monumental, intuitions géniales d’un artiste qui a délégué à la machine le travail de la main et imposé la force du concept dans l’œuvre.

Relire le passé, beaucoup le font dans ce numéro de fin d’année. Quand d’autres s’inquiètent de ce futur qui semble ne vouloir tenir que ses pires promesses. Dans « exodus +2° », notre nouvelle rubrique l’Illustrateur dresse le scénario futuriste catastrophe des dérèglements climatiques, au moment où se tient la COP21. 

par Meryem Sebti

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seisme maroc

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