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[ L’ENTRETIEN ] BIENNALE DES PHOTOGRAPHES DU MONDE ARABE « LE MONDE ARABE N’EST PAS MONOLITHIQUE »

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L’Institut du monde arabe et la Maison européenne de la photographie à Paris lancent la première Biennale des photographes du monde arabe contemporain, pour en démontrer toutes les nuances. Le critique d’art Gabriel Bauret et la commissaire associée Géraldine Bloch expliquent leurs choix. 


Cette biennale, décidée par Jack Lang, réunit les photographes de vingt pays pour « sortir des clichés les plus éculés ». En quoi est-ce important de fonder un nouveau rendez-vous photo sur le monde arabe à Paris ? 


Gabriel Bauret : Créer un rendez-vous autour de la photographie arabe obéit au désir de faire partager la reconnaissance du développement de cet art dans cette région du monde, et à celui de répondre à une question simple : que nous « disent » ces photographes ? Que nous apprennent-ils ? S’il faut parler de « clichés », je pense que l’un des réflexes qui revient régulièrement est celui qui consiste à associer le monde arabe au monde musulman. Et plus généralement, à penser le monde arabe comme une entité monolithique. Alors que le destin des pays du Maghreb n’a rien de commun avec ceux du Moyen-Orient ou du Golfe. Les expositions de la Biennale disent à leur façon la très grande diversité de cette région. 


Avec cette première édition, quel constat faites-vous sur l’état général de la photo dans le monde arabe ? 


Gabriel Bauret : Lorsque nous avons travaillé avec Géraldine Bloch sur le projet d’exposition collective de l’IMA, il nous a fallu repérer les thèmes de préoccupation récurrents des photographes. Nous ne pouvions passer à côté de sujets de fond comme la religion ou le printemps arabe. Beaucoup d’artistes originaires du monde arabe, mais aussi des photographes français – puisque nous avons voulu mêler les regards – en faisaient état. L’on peut aussi dire que les créateurs du monde arabe se rapprochent des Occidentaux dans leur façon de concevoir leur pratique. Et dans le contexte d’une globalisation du marché de l’art, ils trouvent peu à peu leur place, même si celle-ci est encore assez limitée. Quelques galeries les représentant ont pris part à Paris Photo cette année. Et puis, comme on le constate dans le contexte de la photographie en général, les femmes sont de plus en plus nombreuses à s’approprier ce médium pour s’exprimer sur des sujets graves. 

« LA BIENNALE EST UNE COLLECTION DE REGARDS DIFFÉRENTS QUI APPRÉHENDENT LE MONDE ARABE À TRAVERS DES ENTRÉES PERSONNELLES. » GABRIEL BAURET 

La sélection regroupe notamment des travaux anciens de Mehdi Meddaci, Nabil Boutros, Khalil Nemmaoui, Fayçal Baghriche, etc. Parlez-nous plutôt des jeunes talents que vous révélez… 


Géraldine Bloch : En effet, l’idée n’était pas de présenter à tout prix des pièces inédites ou récentes mais de proposer un panorama cohérent, avec un corpus d’œuvres réalisées durant les vingt dernières années. Ce qui peut sembler émergent ici ne l’est pas forcément ailleurs… En France, par exemple, nous avons découvert les travaux de Tanya Habjouqa plus tard qu’aux États-Unis, puisqu’elle a longtemps vécu là-bas. L’une de mes plus belles découvertes sont les Contes de Syrie de Lazare Mohammed Djeddaoui. À l’IMA, nous ne montrons qu’une pièce de sa série La fille de l’ogre, dont la puissance et la justesse nous ont semblé particulièrement pertinentes dans le contexte de la guerre syrienne. J’ai aussi découvert Wafaa Samir via son site web et plusieurs plateformes photo où elle diffuse son travail. L’une des photos de sa série Ramadan est le visuel de la biennale. Elle n’a jamais exposé en France et j’espère que la biennale lui permettra une audience plus large, notamment dans les autres pays arabes. En choisissant la série Ramadan, nous voulions évoquer le caractère merveilleux et l’enchantement qui existent en Islam. Bref, une jeune femme d’aujourd’hui, qui médite la parole sacrée et construit son travail d’artiste simultanément. <

 

Propos Recueillis Par Marie Moignard 

La suite de cet entretien est disponible sur Diptyk magazine #31 en kiosque et en ligne https://www.relay.com/diptyk/numero-courant-1254.html

Mouna Saboni, La peur, 2015, Égypte
Mouna Saboni, La peur, 2015, Égypte
Courtesy MMVI et Banco de España
Courtesy MMVI et Banco de España
Massinissa Selmani, Promesse #4, Série Promesses, Courtesy de l’artiste et galerie Anne-Sarah Bénichou
Massinissa Selmani, Promesse #4, Série Promesses, Courtesy de l’artiste et galerie Anne-Sarah Bénichou
Mohamed Fariji, Serre et Serre mobile, 2015, installation
Mohamed Fariji, Serre et Serre mobile, 2015, installation
Safaa Erruas, Ruines, 2016, ornements de plâtre cassés, fils métalliques, aiguilles et épingles, dimensions variables Courtesy de l’artiste © Emmanuelle Outtier
Safaa Erruas, Ruines, 2016, ornements de plâtre cassés, fils métalliques, aiguilles et épingles, dimensions variables Courtesy de l’artiste © Emmanuelle Outtier
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seisme maroc

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