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entretien avec VICTORIA MANN « Le marché de l’art africain est en pleine ébullition »

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La jeune Franco-américaine lance la première foire d’art contemporain et de design africain à Paris. Baptisée AKAA (Also Known As Africa), cette manifestation se veut à la fois commerciale et culturelle.
Propos recueillis par Philippe Régnier
Qu’est-ce qui vous a amenée à monter cette foire d’art africain contemporain ?
Victoria Mann : J’ai un parcours qui s’est déployé sur deux continents. J’ai fait des études et travaillé aux États-Unis, et j’ai aussi étudié et travaillé en France. Je viens d’une famille de collectionneurs et de voyageurs : j’ai baigné toute mon enfance dans le rêve du voyage, dans les histoires des différents endroits où mes grandsparents étaient allés. Ma mère a vécu deux ans au Sénégal dans sa jeunesse. Quand je suis arrivée à l’université, je me suis tout de suite dirigée vers une filière d’histoire de l’art. J’ai rencontré un professeur d’histoire de l’art africain qui m’a passionnée et m’a transmis sa passion. J’ai par la suite travaillé pendant deux ans au Metropolitan Museum of Art à New York. Là, j’étais dans un département d’éducation et de médiation. J’ai été en contact avec le public et plus spécifiquement les écoles. Ce lien entre l’art et le public m’a énormément plu. Quand je suis rentrée en France, j’ai fait mon master à l’École du Louvre et j’ai décidé de me spécialiser dans l’Afrique. J’ai travaillé avec le Quai Branly sur sa collection de peintures malgaches qui datent du début du XXe siècle. Je me suis intéressée à la peinture moderne en Afrique au début du siècle. J’ai consacré mon énergie à savoir qui étaient ces pionniers de l’art moderne, puis de l’art contemporain africain, comment cela s’est fait dans les colonies, et cela m’a poussée à m’intéresser à ce qu’il se passait aujourd’hui. J’ai également travaillé dans différentes institutions, notamment en Suisse au musée d’ethnographie de Neuchâtel, sur des collections d’artistes modernes. À la fin de mes études, je me suis ouverte à ce qu’il se passait maintenant et j’ai travaillé pour Pace Londres, mais en étant basée à Paris. J’ai acquis une bonne compréhension du marché de l’art à l’international. Mon idée de départ était d’ouvrir ma propre galerie d’art africain contemporain. En faisant une étude de marché à Paris, je me suis rendu compte que ce qu’il manquait, ce n’était pas une galerie de plus, mais un événement pour ces artistes contemporains africains qui soit international à Paris.
Quel va être le contour de cette foire ?
On peut le trouver dans son nom : Also Known As Africa. Cela illustre la réflexion sur la philosophie que l’on veut faire passer à travers cet événement. On veut poser la question : qu’est-ce qu’un artiste africain aujourd’hui ? Il s’agit d’ouvrir le débat et de ne pas stigmatiser ou enfermer des artistes dans les contours d’un continent, mais au contraire de dire qu’un artiste aujourd’hui est contemporain avant tout, et que l’on peut faire une foire centrée sur l’Afrique. Nous invitons des galeries et les artistes qu’elles représentent, qui viennent du continent africain, mais également de toutes les diasporas africaines – et tout artiste international qui travaille sur le prisme de l’Afrique. C’est une diversité très importante. Nous voulons créer des passerelles entre ces différents artistes. Cela peut être un peintre du Sénégal comme un sculpteur à Harlem qui travaille sur ses origines africaines, comme un photographe français qui a passé dix ans au Congo et qui a fait une série sur son expérience là-bas. Le lien avec l’Afrique n’est pas forcément défini par une origine.
Vous pouvez lire la suite de cet article dans le Diptyk magazine numéro #28
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